Vieillir #12 Le confinement, ce voyage intérieur et immobile

8 semaines de confinement, un véritable défi pour lequel je n’étais pas préparé. Je crois que nous étions nombreux à affirmer ne pas pouvoir survivre à plusieurs semaines enfermé à la maison, et finalement nous l’avons fait. Et je suis même étonnée de constater notre faculté d’adaptation à tous, face à cette situation déstabilisante.

J’ai trouvé des ressources en moi que je ne m’imaginais pas, de la patience, du lâcher prise sur le rangement, le bruit. J’ai appris à savourer chaque seconde de solitude et de calme, à me m’être entre parenthèse mais aussi à écouter mes besoins. On rigolait avec ma copine Claire au téléphone, et on se disait que finalement un bon confinement ça nous en apprenait plus sur nous que des séances de psy (et elle est psy donc elle sait de quoi elle parle!).

J’ai toujours adoré les voyages, en plus de la découverte de l’ailleurs, j’ai la conviction qu’ à chaque escapade, nous allions un peu plus à la rencontre de nous même et de notre famille. Je suis persuadée que lorsqu’on sort de sa zone de confort, lorsqu’on doit faire preuve d’adaptation, on se découvre, on apprend à mieux se connaitre, et à mieux connaitre ses enfants et son amoureux. C’est d’ailleurs une des raisons qui me fait tant aimer les voyages.

Et là, bien malgré nous, nous sommes sortis de notre zone de confort, nous avons du faire preuve adaptation… de façon bien différente d’un voyage tel que nous le concevons d’ordinaire. Mais nous sommes tous, je crois allés un peu plus à la rencontre de nous même. Nous avons expérimenté une nouvelle sorte de voyage: un voyage immobile et intérieur.

Un voyage sans exotisme, sans découverte, un voyage que nous n’avions peut être pas envie de faire, ni maintenant, ni jamais…

Je ne suis moi-même, pas certaine d’avoir été enchantée de vivre ce voyage. De me confronter à toute mon existence, à tout ce qu’ai construit ou négligé sans possibilité de m’échapper… de remettre tout à plat.

Pourtant je suis heureuse de constater aujourd’hui, que je me suis découverte, que j’ai mis à l’épreuve mes convictions et mes engagements, que j’ai expérimenter des vérités qui me seront utiles toute ma vie. Je n’ai jamais eu besoin d’autant puiser dans mes ressources, ni faire preuve d’autant d’abnégation.

J’ai découvert le lâcher prise

Une vaste fumisterie dont j’avais entendu parler, sans jamais réussir à le mettre en pratique. Là je n’ai pas eu le choix, c’était de l’ordre de la survie, il a fallu que je lâche sur les draps parfaitement tendus, les coussins alignés, les meubles épurés. Il a fallu que j’arrête de m’énerver de retrouver de la pâte à modeler sous ma chaussette, ou de compter le nombre de coup de balai. J’ai appris à regarder toutes ces choses qui m’oppressaient sans porter de jugement dessus. J’ai vraiment découvert que ce qui augmentait mon stress ce n’est pas tant le bazar, le look improbable des enfants, la nourriture sur les vêtements… mais le regard que je porte dessus, les projections qui sont liées à cet état. Par exemple, le bazar, ça me renvoie la vérité que je n’arrive pas à maintenir de l’ordre, et donc une insuffisance de ma part, c’est ça qui me stress, pas le bazar en tant que tel. J’ai donc appris à regarder les choses telles qu’elles sont, et à me dégager de toutes les idées oppressantes qu’elles peuvent générer.

J’ai découvert le pouvoir de l’humour, du rire

J’ai toujours eu tendance à dédramatiser les problème par l’humour, mais pendant ce confinement, qui m’a poussé dans mes retranchement j’ai découvert que le rire était ma meilleure arme. L’humour m’a beaucoup servi pour mes enfants, lorsque je les sens glisser vers une forme de tension, je sais que le meilleur moyen de les garder à flot, c’est de les faire rire. Le rire a énormément joué sur notre complicité, il a été mon meilleur allié pour éviter l’opposition, quand on rigole, on est ensemble, on est une équipe cela renforce le sentiment de coopération.

Mais l’humour a été aussi une arme pour moi, à chaque action, je pesais méticuleusement si cela me faisait plus rire que m’énerver, c’est étonnant mais parfois la frontière est mince. Mais rire est toujours le meilleur choix. Prendre les choses avec distance et second degré, et donc beaucoup rire, cela abaisse considérablement le niveau de stress.

J’ai exploité le pouvoir de la folie

C’est très lié au point précédent. J’aime bien danser, chanter, faire la folle avec mes enfants, mais pendant le confinement, j’ai réalisé à quel point ça nous rassemblait et me détendait, j’ai donc décidé d’exploiter la folie également dans mon couple et aussi pour moi seule.

J’ai accepté mes émotions telles qu’elles se présentent à moi

C’est complètement en lien avec cette prise de distance, j’ai cessé d’analyser toutes les émotions qui me traversent. De chercher des explications, de m’en vouloir de ressentir telle ou telle chose. De me trouver excessive, pas cohérente, superficielle, torturée… La situation particulièrement inédite m’a forcée à être indulgente avec moi. Mes émotions ont parfois joué un peu aux grands huit ces dernières semaines, et en réalité, ce n’est pas grave. Nous encourageons nos enfants à accueillir leurs émotions, mais nous sommes de piètres exemples en la matière en tant qu’adultes, et cela je l’ai vraiment compris pendant ce confinement. J’ai appris à observer mes émotions me traverser, tout en sachant que tout passait!

Je me suis découvert de la patience

J’ai toujours considéré que la patience était ma plus grosse lacune, et bien il a été temps de développer tout ça. Ma patience a été mise à l’épreuve avec les enfants, pendant les temps d’école… ou pas d’ailleurs.

Et puis la patience je l’ai surtout expérimenté dans ma vie professionnelle. J’ai du reporter plein de projets, laisser plein de choses en suspend, entre parenthèses… c’était difficile, mais finalement pas impossible.

J’ai puissé dans mes ressources

Ce confinement a été l’occasion développer plusieurs compétences, notamment dans l’organisation, dans mon rôle de mère. J’ai eu plusieurs fois cette image d’un puits dans lequel je piochais du courage, de l’entrain, des idées, et plusieurs fois j’ai bien cru toucher le fond.. mais non, finalement il y en avait encore… C’est vraiment cette sensation qui m’a plus épatée, c’est cette sensation que j’aimerais garder en mémoire pour l’avenir, pour me souvenir que je peux me faire confiance.

J’ai savouré chaque instant de calme

Je suis plutôt solitaire, d’ordinaire les temps de solitude sont vraiment ceux qui me reconnectent, qui me permettent d’être efficace et de maintenir un bon équilibre entre toutes les facettes de mon existence. Dans cette drôle période, survie oblige, j’ai appris à profiter de chaque minute de silence ou de solitude. J’ai oublié toute injonction de productivité, j’ai juste appris à souffler dès que je le pouvais, à me reconnecter, à faire quelque chose qui me fait du bien, ou juste ne rien faire d’ailleurs.

J’ai nourrie ma créativité

Je me suis vraiment aperçue que créer était indispensable pour moi, et que c’est quelque chose que je négligeais beaucoup trop d’habitude. J’ai réellement besoin d’avoir les mains qui collent, ou pleine de farine, de peinture. J’ai besoin d’étaler mes idées, de prendre ce temps et cet espace pour moi.

J’ai approfondie ma connaissance sur ma famille

Nous avons la chance d’être une famille où nous nous voyons tous beaucoup les uns les autres. Je pèse pouvoir affirmer que nous nous connaissons bien. Et pourtant il est évident que nous nous connaissons mieux aujourd’hui. Nous savons mieux communiquer, mieux nous écouter. Je le constate aussi en couple. J’espère que nous serons conserver cela également, cette observation et cette écoute précise et sans jugement.

Et je me suis sentie chanceuse

Parfois je me suis sentie isolée, désemparée c’est certain. Mais souvent, très souvent, je me suis sentie chanceuse. J’aime ma famille, la vie que nous avons construit, la relation que nous avons les uns aux autres. C’est très agréable de pouvoir faire ce bilan là.

Et vous, avez vous l’impression d’avoir voyagé en immersion en et chez vous ces dernières semaines? Qu’avez vous appris de cette situation?

9 réflexions au sujet de « Vieillir #12 Le confinement, ce voyage intérieur et immobile »

  1. J’ai beaucoup aimé lire ton article. Pour ma part je déteste les fins et faire des bilans, je trouve ça triste.
    Je retiendrai que j’ai trouvé que c’est passé assez vite.
    J’ai appris à m’écouter, respecter mes besoins et un peu plus poser mes limites…
    Et réfléchir à mon projet professionnel petit à petit.
    Bonne reprise progressive, je t’envoie des bisous !

  2. J’ai appris tellement de choses sur moi (des énergies internes, du lâcher prise, de la gestion des angoisses, du bien être que l’on va chercher, de la créativité aussi) et j’ai appris à aimer ma famille plus que jamais. Une famille qui a été un peu décimée pendant cette période malheureusement.
    J’en retire essentiellement du positif…..que du positif d’ailleurs.
    La vie est tellement belle quand on la regarde.

  3. C’est un beau bilan, on voit que tu t’es beaucoup observée pendant cette période (je le dis de manière positive bien sûr !). Moi aussi j’ai appris à accueillir mes émotions de manière plus souple. Et puis j’ai essayé de le faire davantage avec mes enfants. Je crois qu’eux aussi ont appris à mieux s’écouter, à oser dire à leur frère ce qu’ils pensaient, et peut-être, à régler leurs conflits de manière plus sereine. Bon, c’est pas gagné quand même ! Mais c’était tout bénef pour eux.

  4. C’est vrai que c’est fou ces 50 jours et quelques! ca me paraissait insurmontable et pourtant on l’a fait! et on le fera encore car même si on est un peu plus libres rien n’a encore vraiment repris… les enfants font toujours école-salon et les parents sont encore pour un moment en télétravail à gérer l’école la maison et leur boulot le tout en même temps!
    Ici on a apprecié nos week-end au ralenti et tous les petits projets menés dans le jardin notamment. On aime les petits rituels mis en place en famille (le sport le matin, la scéance ciné du mardi soir) qui n’auraient jamais eu lieu dans d’autres circonstances. Je trouve qu’avec mon mari ça s’est bien passé! On s’est réparti les taches de manière naturelle et je fais attention de ne pas lui en vouloir quand j’ai l’impression de tout faire. Il y a d’autres moments ou c’est l’inverse!

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