Journal de confinement: la continuité pédagogique

Comment écrire sur autre chose? L’actualité n’a jamais pesée sur nos existence de façon aussi forte. Je ne sais pas si vous avez réellement envie de lire sur ce sujet, vous aussi, vous le vivez suffisamment. Mais en réalité mes ambitions sont bien plus grandes, j’ai décidé de documenter cette période historique pour les générations futures… certes c’est peut être un peu exagéré, mais au moins pour garder une trace de cet épisode de nos vies quand les enfants seront plus grands. Je commence ce premier épisode de mon journal en détaillant surtout comment se passe l’épineuse question de la continuité pédagogique.

L’école à la maison

Je sais que c’est une des questions qui angoissent le plus les parents: comment assurer la scolarité de ses enfants, sans véritable compétences pédagogiques, sans vocation particulière, sans temps à y consacrer… En gros, en étant de simples parents.

Pour commencer, je vais vous expliquer comment j’ai décidé d’envisager les choses à la maison. Premièrement, je dois bien avouer que j’avais probablement une longueur d’avance, car nous avions décider de faire l’école à la maison pour Roméo pour cette fin d’année scolaire, de façon transitoire, avant un changement d’école l’année prochaine. Donc nous avions quelques supports pédagogiques avec notamment le programme de CM1. Mona, avait également voulu un livret pour le CP. De plus, j’avais réfléchi à la situation avant qu’elle se présente, ce qui est forcement plus confortable. Après, avec cette situation de confinement, cela ne ressemble pas à l’instruction en famille comme je l’avais imaginée, pas de musée, de bibliothèque, pas de cours de sport, pas de sortie à droite à gauche. En ce qui concerne donc, cette interruption scolaire liée au confinement, j’ai décidé d’impliquer les enfants dans le programme de leur journée. Et surtout, j’ai accepté l’idée que ce n’était pas une situation idéale ni pour eux, ni pour moi, ni matériellement, ni moralement. Je me suis donc très rapidement dégagé de la pression du parfait. Nous faisons de notre mieux ni plus ni moins. Je ne cherche pas à les remplir d’informations tel de petits réservoirs, je vais à leur rythme, je suis leurs intérêts, si nous nous écartons du programme cela n’a pas d’importance. Nous nous sommes fixé des temps de travail, si on dépasse de trop (plus de 10 minutes), on ferme les cahiers et on reprend le lendemain.

Journal de confinement

Jour 1: Lundi 16 Mars, nous avons écrit un programme sur une petite ardoise. Il y a 1h30 de travail formel le matin et du repos et du temps libre l’après midi. Les enfants sont bousculés par la situation, je leur laisse donc le temps d’apprivoiser cette situation. Mona fait d’ailleurs une sieste. Nous nous retrouvons un fin de journée pour que je les aide dans leurs projets personnels et pour un débat en famille. J’ai l’énergie du départ je m’implique à fond dans ma nouvelle mission.

Jour 2: J’apprends de mes erreurs, travailler le matin avec Loni dans les pattes, ce n’est pas évident. Je décale donc les apprentissages, 1h le matin, 1h l’après midi. Je rajoute une session de yoga pour commencer la journée, et un dessin animé en anglais. L’énergie du départ n’aura duré qu’une journée pour moi.. je comprends qu’il me faut du temps libre à moi aussi.

Jour 3: Oh mince c’est déjà mercredi, nous venons tout juste de trouver un rythme. On garde donc notre routine mais avec 1h d’art le matin, seulement 30 minutes de travail l’après midi suivi de la visite virtuelle des grottes de Lascaux. On garde le débat et on découvre les podcasts pour enfants. J’appelle des copines pendant les temps libre de l’après midi, ça me fait beaucoup de bien.

Jour 4: Enfin, une journée qui roule, Loni arrive à s’occuper pendant l’heure du matin. Les temps libre occupent une grande partie de la journée. Les enfants ont délaissés leur projets perso, je sens qu’ils ont surtout besoin de se défouler et de décompresser de l’enfermement. Roméo a enfin compris qu’il maîtrisait les divisions… alors que c’était le cas depuis le lundi. Heureusement nous avons un jardin.

Jour 5: Une routine s’installe, nous trouver l’organisation qui va être la notre pour la semaine suivante. Les grands ont besoin de temps seuls, on rajoute dans le planning les temps de solitude.

Jour 6, c’est le week-end… Ah mais en fait, c’est toujours la maison. La non organisation de la journée, n’aide pas, pas mal de chamaillerie. Mais on s’aère avec une promenade hors de la maison.

Jour 7: On organise la journée, on sort l’ardoise, on note de l’art pour le matin, des jeux de société pour l’après midi. Finalement ce qui est important ce n’est même pas le contenu de la journée c’est juste le cadre. J’ai beaucoup plus de temps pour moi que la veille, j’en profite pour cuisiner et bricoler de mon côté, ça me fait du bien. On fait une cabane sous la table, des gâteaux et des petits bricolages.

Jour 8 Lundi 23 Mars, deuxième semaine. Le planning de la journée est tout trouvé, seuls les matières changent. On fait toujours du français et des maths, mais les enfants choisissent également deux autres matières. Pour cela, nous nous aidons des livrets de programmes car les enseignants n’ont donné que des fiches que de maths et de français.

Jour 9: Je sens que les enfants se démoralisent doucement, c’est compréhensible, l’énergie du départ redescend et ils sentent bien que cette période va s’allonger dans le temps. Bien que je comprennent leur perte d’entrain, je l’ai pas vraiment de solution à leur offrir. En plus, bizarrement c’est également une journée coup de mou pour moi.

Jour 10, Nous adorons le mercredi, ce sera l’étude des horloges molles de Dali le matin, du sport dans le jardin et un C’est pas sorcier. Et surtout de la bonne humeur.

Jour 11: Je pensais que Loni avait enfin trouvé sa place dans cette nouvelle routine… c’est le jour du désenchantement, il ne fait que chouiner, il passe beaucoup de temps dans le porte bébé. Roméo termine le programme d’histoire de CM1. De mon côté je réduis les réseaux sociaux qui ne créent pas ta,t de lien que j’en espérais et qui rajoutent une dose de stress.

Jour 12: Loni réclament beaucoup d’attention le matin, mais je prends sur moi et garde mon calme. J’ai décidé que ce serait une belle journée et ça marche. Je prends le temps de faire un collage, quelque chose pour moi et qui aiguise ma créativité, cela me fait du bien.

Jour 13: Forte de l’expérience du week-end dernier, je propose un petit programme à base d’activités manuelles le matin et jeux l’après midi… Finalement nous n’en aurons pas besoin. Une balade le matin, du jardin l’après midi, beaucoup de rires et l’impression d’être en vacances à la maison. Une journée qui fait du bien.

Jour 14: On continue à surfer sur cette sensation de vacances. Un joli dimanche très lent, où chacun a du temps pour soi.

La gestion des écrans

A la maison les enfants ont très peu de contacts aux écrans, j’en avais déjà parlé ici. C’est donc quelque chose qu’ils ne réclament pas. Le confinement me fait découvrir les écrans à visée plus pédagogique. Nous regardons un petit dessin animé en anglais par jour, nous avons regardé plusieurs C’est pas sorcier, mais aussi des petites vidéos sur les artistes que nous avons étudié. Nous avions par contre oublié dans ce contexte, le caractère récréatif des écrans, nous avons donc fait notre première soirée film en famille seulement samedi soir.

Qu’est ce que ces deux dernières semaines m’ont apprises sur moi?

Que je ne suis pas performante partout et tout le temps… Le croire était une erreur de débutante. J’ai accepté que mon moral soit en dents de scie sans réellement que je sache pourquoi. J’ai compris que les coup de fil et visio à mes copines me faisaient plus de bien que les réseaux sociaux. Mais aussi que plus j’occupais mes mains et moins mon moral me jouait des tours. J’ai pris du plaisir à bricoler des choses avec les enfants ou seule. J’ai aimé profiter de mes enfants dans cette situation loin de nos repères. Je me sens plus forte et expérimentée pour la suite. On refait le bilan dans 15 jours?

Et vous, vous me racontez comment ça se passe le confinement et la continuité pédagogique?

14 réflexions au sujet de « Journal de confinement: la continuité pédagogique »

  1. ici plus d’enfants mais j’ai lu tout ton article, et je comprends tes conclusions..difficile de porter plusieurs casquettes, maman, instit, garde d’enfants, ménagère, cuisinière etc..
    mais tu as retrouvé le plaisir de bricoler, et ça c’est important, pour l’évasion.. au début quand je suivais ton blog, c’était pour ton bricolage 😉 !
    bonne semaine avec tes enfants et n’oublions pas ton chéri!

  2. Ici on gère plutôt bien mais nous sommes tous à la maison, ça aide !
    Le matin, lundi, mardi, jeudi et vendredi, je m’occupe de la classe des garçons en suivant le programme proposé par leurs maîtresses. Ça nous prend environ 2h30 donc en gros de 9h30 à midi. Pendant ce temps, mon mari s’occupe de Anna et de la maison.
    L’après midi, sieste pour Anna, 30 minutes de dessins animés pour les garçons, quartier libre pour les parents !
    J’en profite pour préparer ma classe, répondre aux parents …
    Les autres matins, c’est (presque) comme d’habitude, les enfants jouent librement, ensemble ou séparé, avec nous ou tous seuls … là encore, je profite de ces temps libérés pour travailler pour ma classe.
    Les après-midi, activités manuelles (j’essaie d’avoir une petite activité sous le coude à chaque fois) ou jeux et après le goûter, jeux extérieurs ! C’est mon mari qui gère, propose des parcours, des défis …
    Plusieurs fois, lors des temps libérés, nous avons fait du yoga, des petits massages, masques, soins avant le bain synonyme d’un moment apéro entre adultes.

    Malgré des coups de mou de temps en temps et des chamailleries à gérer, Grosso modo nous vivons donc bien le confinement. Pourvu que ça dure !!

  3. Niveau pedagogie pas trop de stress car les filles sont en PS et GS.
    On se prend un petit moment le matin pour des rituels :ecriture, temps du jour,saison…. l’après midi avec quelques activites manuelles et tous les soirs un jeu de société en famille.
    Beaucoup de temps de jeux à coté de tout ça et des temps yoga ensemble.

    Le plus dur dans tout ca? Assurer le télétravail en accordant l’attention dont les filles ont besoin et le fait de ne pas avoir de terrain.

    Les jours sont un peu tous les mêmes mais le moral en dents de scie.
    Ca commence a être un peu difficile.

  4. Continuité pédagogique…je t’avoue qu’on en est pas là, dans le sens où on ne donne pas de cours aux enfants. Les enfants sont plus grands, donc plus autonomes et j’avoue qu’on les y pousse, étant en teletravail tous les 2 dans le même temps. Ils suivent les très ( trop?) nombreux exos et devoirs envoyés par les instits et profs et on supervise de loin. Ca me rend triste de ne pouvoir leur dédier plus de temps sur la partie scolaire, on les accompagne, mais de loin…mais ce temps supplémentaire qu’on prend, c’est du loisir, faire du sport ensemble, cuisiner ensemble, jouer…chose qu’on ne fait que le WE d’habitude. Ca équilibre. Bref, on a pas la pression sur le scolaire ( j’ajoute que nos enfants sont eux même très scolaires, sans difficulté et je pense que si la routine des enseignements est importante et représente un cadre familier, on a aussi bien d’autres choses à apprendre de cette période complexe et inédite).

  5. Merci beaucoup pour ce petit journal de confinement. Ici c’est un peu pareil, on est ravi d’avoir un jardin et c ‘est parfois difficile pour nous de travailler et de faire travailler les enfants.
    On a une fille en CP aussi et on aimerait lui montrer des dessins animés en anglais, lesquels nous conseilles-tu ?
    Merci !

  6. Ici c’est compliqué parfois car nous travaillons beaucoup. Donc les enfants (10 10 et 7 ans) sont obligés d’être autonomes… On a aussi fait un planning car on en a tous besoin!
    Gym via youtube au levé, de grandes plages de temps libre…
    Quels sont les dessins animés en anglais que tu montres à tes enfants? Ca m’interesse…

  7. Pour l’instant j’ai l’impression d’avoir eu tellement de choses à faire pour la maison et les enfants… que pendant mes temps de pause j’ai juste besoin de m’allonger et lire… alors que j’ai une grande envie de dessin et peinture.

    Pour la continuité pédagogique. Ma cadette est en petite section, je lui ai demandé hier si ses copains et copines lui manquaient, elle m a dit non je préfère la maison. Ah ah! En voilà une pour qui le confinement est un vrai repis et un temps pour la laisser grandir à son rythme.
    On a fait quelques collages envoyé par la maîtresse mais depuis quelques jours elle n a plus envie. Je continue à lui proposer, ça reviendra peut être.

    Ma grande est en CP, sa maîtresse et sa copine lui manquent mais elle profite aussi de son temps libre.
    Le travail envoyé par sa maîtresse chaque matin et corrigé le soir. Nous aide beaucoup. On fait 1h le matin. Parfois 30 mins et 30 mins l aprem.
    Heureusement le papa s occupe des math et de l anglais. Moi la lecture/ écriture.

    Bon courage

  8. Je crois qu’avoir des parents au minimum capable de suivre le niveau de l’enfant, en mesure de rester en lien avec les enseignants et de proposer ne serait-ce qu’une heure de travail par jour d’école, est déjà un luxe dans cette situation. Les professeurs ne sont pas inquiets pour ces enfants-là. Même si ce que nous prodiguons est imparfait, ce sera suffisant. Je crois qu’on peut souffler un grand coup et garder confiance, ça va aller, même si on patauge un peu, même si on est pas les rois de l’organisation ! Les profs n’attendent pas de nous un boulot équivalent à ce qu’ils auraient fait en classe, et ils sont les premiers à être un peu largués : c’est un autre métier, enseigner à distance.

    Malheureusement, les enseignants ont aussi à maintenir le lien avec des familles qui n’ont pas internet, ou pas accès à un ordinateur, des familles qui vivent serrées dans des appartements minuscules, avec des situations relationnelles parfois très très compliquées. Mon cœur se serre pour ces enfants-là : ils ont déjà une vie pas vraiment rose bonbon, des lacunes scolaires difficiles à combler. La situation ne fait que creuser le fossé social. La fameuse égalité des chances est une belle gageure, à l’heure du confinement (elle l’était déjà avant…).
    Et ça fait vraiment relativiser.

  9. Pour nous aussi, il a fallu un peu de temps et pas mal de tâtonnement pour trouver une routine qui marche ! CP et PS ici, donc pas trop de stress. Je profite de mon commentaire pour te signaler Qu il existe une nouvelle version de c est pas sorcier: c est toujours pas sorcier, dispo sur France TV replay. Mes enfants aiment beaucoup ! (même si je voudrai bien savoir ce que mon plus petit comprend !)

  10. Moi aussi j’ai trois enfants et je me retrouve pas mal dans ton organisation qui module au fur et à mesure ! J’ai cru que j’allais réussir à leur faire faire des sciences tous les après-midis et puis je me suis vite rendue compte qu’ils avaient un énorme besoin de faire ce qu’ils voulaient. Alors maintenant, je ne programme plus rien. Bon si, les devoirs quand même le matin ! J’ai parfois des idées d’activité juste au cas où mais j’en ai rarement besoin. Je crois qu’ils apprendront beaucoup sur eux pendant ce confinement, beaucoup sur leurs émotions et leurs relations dans la fratrie.

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