Vieillir #10 Comment je suis devenue écolo

Aujourd’hui, j’ai eu envie de vous raconter une histoire toute particulière, la mienne. Celle mon cheminement vers l’écologie.

Cette idée m’est venue à la suite d’une conversation, où j’écoutais de parfaits inconnus conter les us et coutumes des bobos écolos, en les dénigrant un peu c’est certain, mais aussi en les enfermant dans une case au contours un peu trop bien définis.

Au quotidien, moi aussi je remarque certaines constantes parmi la grande famille des personnes eco-responsables, comme notamment l’accès à la culture, une certaine facilité à manier le sens critique… Mais je ne suis cependant pas d’accord d’affirmer que, ce ne sont que des préoccupations de foyers aisés, ni des préoccupations d’urbains par exemple. Et pour preuve le nombre de jeunes qui s’emparent du sujet d’ailleurs. Mais plutôt que de faire un état des lieux sociétal, j’ai préféré vous raconter mon propre chemin, pour vous prouver qu’il ne faut ni être riche, ni venir d’une famille de baba cool, ni être un bobo urbain, ou vivre en autosuffisante dans le Cantal, pour être amener à se préoccuper de l’environnement.

Je suis née dans les années 80, cette génération où les femmes se sont réellement émancipées financièrement et ont désertés leurs cuisines. Mes deux parents travaillaient, j’ai mangé des plats industriels toute mon enfance, des danettes, barres de céréales, aux plats surgelés. Il y avait des diffuseurs de parfums dans toutes les pièces, des produits bleus dans les wc, et des placards entiers de produits ménagers estampillés tête de mort ou poissons sur le dos. J’ai connu les sacs plastiques à usages unique, la poubelle unique, les mégots de cigarette par la fenêtre et l’eau en bouteille évidemment.

Cependant assez vite, j’ai été très critique de ce mode de consommation. Je débranchais systématiquement les diffuseur de parfum, qui sentaient beaucoup trop fort pour moi. J’étais très sensible aux chimiques, aux produits ménagers, aux parfum, tout cela m’a très vite semblé très suspect.

Et puis ado, j’ai commencé à me questionner plus profondément sur la société de consommation de façon générale, sur l’aliénation du matériel, sur la surenchère de l’objet, sur l’idée de bonheur par la possession. Et je me suis finalement construite en tant qu’adulte à côté de ce mode de fonctionnement, mais en y adhérant par défaut.

Ensuite, étudiante, comme beaucoup d’autres, ayant peu de moyens, j’ai construit ma consommation avec le meilleur rapport coût/ bon sens. Je n’ai pas acheté d’eau en bouteille, ou de sopalin car ça coûtait cher et que ce n’était pas indispensable. J’achetais des briques de coulis de tomate de 1L car c’était moins cher, et rapidement j’ai compris que faire moi même était le meilleur compromis qui s’offrait à moi. J’ai donc commencé à limiter mes achats aux denrées de base: pâtes, riz, farine, sucre, légumes etc. Mais ne nous mentons pas à cette époque je ne fréquentais que les hard discount, et le bio était hors de portée.

Je me suis toujours sentie très concernée par l’environnement, par le tri, la pollution, les pesticides. A la naissance de Roméo j’ai commencé à être plus attentive aux produits que j’utilisais, au bio mais surtout à la qualité de l’air intérieure. J’ai commencé à cette époque à scruter les étiquettes, les colles, les cov etc. Mais ma préoccupation était plutôt individuelle et d’ordre de la santé.

Et puis il y a un jour où ce point de vue a changé, où j’ai pris de la hauteur pour percevoir le problème dans son ensemble, pour envisager les choses de façon globale. Ce jour je m’en souviens très bien, c’était un an après le décès de ma grand-mère. Après la tristesse, la naissance de Mona, après la colère et le rythme à trouver, je m’étais fait plein de promesses à moi-même concernant la vie, le sens de mon existence, le fait de pouvoir mourir sans aucun regrets. Cette pensée a guidée tellement fois depuis d’ailleurs, c’est assez incroyable. Cette pensée c’est devenu une sorte de fondement de ma personnalité aujourd’hui. Mais à cette époque là, c’était un véritable exercice mental. Il fallait que je questionne sans cesse toutes mes actions et décisions. Et assez naturellement, ce qui a émergé de ce nouveau moi a été à quel point cela me coûtait de subir un modèle de vie et de consommation qui allait à l’encontre du respect de la nature.

J’ai mis un petit moment à en parler à l’amoureux. Et c’est rigolo car je me souviens exactement du jour où c’était également. C’était dans la voiture qui nous amener dans les Hautes Alpes pour la première fois (devenu depuis notre petit paradis). Je lui ai annoncé que je voulais tout changer, que je voulais interroger systématiquement toutes nos décisions pour préserver au mieux la planète. J’en ai alors rapidement parlé ici, comme pour sceller un engagement envers moi même.

Après cette profonde prise de conscience, tout a découlé doucement de soi… petit à petit, en s’intéressant à des champs de plus en plus étendus.

J’avais envie de vous raconter cette histoire aussi simple, que banale, pour en venir à ma propre conclusion sur le sujet. D’après moi, pour amorcer un virage vers l’éco responsabilité, il ne faut qu’un seul déclencheur: une prise de conscience profonde. Il n’est donc pas utile de stigmatiser les écolos, et de prononcer ce mot comme une insulte, car l’écolo peut selon moi se trouver de partout, et pas seulement dans les strates de population où on l’y attend.

20 réflexions au sujet de « Vieillir #10 Comment je suis devenue écolo »

  1. Bonjour et merci pour ce partage de vie.
    Je suis de la même génération que toi et heureusement que notre chemin de vie est parsemé de grosses prises de conscience… Que d’évolutions, plus ou moins rapides selon le contexte !
    Pour moi, les prises de conscience ça a été mon boulot (administration : on doit montrer l’exemple par la réduction du papier, la valorisation des déchets, la transition écologique et j’en passe) et la naissance de ma grande qui correspondait au pointage de doigt du paraben. Mon conjoint est un peu plus long aux changements mais je vois qu’il fait des efforts !
    Que du positif donc !
    Bonne journée

  2. Ha mais comme je suis d’accord avec ce que tu dis ! Moi, j’étais ado dans les années 80, mais j’ai toujours été connectée à la nature…sans pour autant « tout faire comme il faut » . Mais cela a été une évidence avec le temps. Je me suis remémorée toutes les paroles de mes « anciens » (grands-parents et arrière-grands-parents), et de plus en plus allergique, il a bien fallu se rendre à l’évidence qu’il y avait des raisons à cela. Je ne crois pas non plus qu’être « écolo » soit lié à une caste…je pense qu’aujourd’hui, tous (plus ou moins) avons conscience de tous les enjeux et des soucis de notre planète. Chaque geste compte…Ici, du coup, nous avons fait le choix de revenir à la campagne, et sommes revenus à une certaine « décroissance ». Le consommer moins mais mieux n’est pas un vain mot pour nous car il en va aussi du respect de notre planète. Et chez nous, même s’il y a sûrement encore des progrès à faire…je pense que nous sommes « plutôt bons » ! lol. Merci beaucoup pour cet article ! Bisou et très belle semaine 🙂 Nathalie

    1. Nous aussi nous aspirons à une réelle décroissance et je crois qu’il faut cesser d’avoir peur de ce mot.
      Félicitations à toi pour tout ce que tu entreprends

  3. Bonjour,
    Merci pour ce partage. C’est étonnant de constater que nous venons tous de milieux différents :-). Contrairement à toi j’ai toujours baigné dans l’écologie et suis admirative de voir ton chemin parcouru ! Adolescente je me suis détournée des pratiques écolos, par opposition à mes parents surtout, pour y revenir ensuite à l’age adulte en pleine conscience de mes anciens automatismes., mine de rien un gros travail. Cette recherche de préservation de la planète (moins acheter, mieux consommer, éliminer-limiter le chimique, privilégier le naturel, le recyclable, tendre vers le zéro déchet, utiliser des matériaux sains, manger bio, …) a été accentuée, comme souvent, par la naissance de mon 1er enfant 😉
    Nous vivons à la campagne, avec quand j’ai le temps un mini potager, et nous voyageons depuis 15 ans en échange de maisons, le plus loin possible de la société de consommation que je fuis.
    Belle journée à toi !

    1. Merci pour cette réponse.
      Oui effectivement j’ai du faire un gros travail pour m’approcher de ce qui me correspond puisque cela n’a pas été acquis dans mon enfance.

  4. Je suis complètement d’accord avec toi. Je ne sais pas si je suis capable de décortiquer aussi précisément mon (notre) cheminement mais je te rejoins sur le fait qu’une fois la prise de conscience engagée, on ne peut plus faire comme si on ne savait pas ni revenir en arrière.
    (Et quelle source de fierté et d’épanouissement).

  5. Je suis d’accord avec toi, c’est vraiment un déclic. Moi, ça m’a pris comme un défi, celui de ne plus produire de déchets. Mais la critique de la consommation à outrance planait déjà au-dessus de moi depuis longtemps. Le zéro déchet m’a permis de me sentir actrice, de pouvoir enfin faire changer les choses, concrètement ! Et depuis, je remets en question d’autres aspects, car le zéro déchet c’est bien, mais ce n’est pas le seul levier.

  6. Je me retrouve complètement dans ta descriptions et te félicite de tes changements et évolution ! Pour moi la dernière en date c’est le changement de boulot, cela devenait viscéral de ne plus importer de produit de Chine! Maintenant je dois rebondir donc je creuse le sujet. Au passage, tu es splendide !

  7. Totalement en accord avec ce texte. Il y a un moment donné un déclic ! J’ai vécu mon enfance en ville, j’ai commencé ma vie de jeune maman en ville avec une petite asthmatique. Nous avons depuis déménagé à la campagne et depuis, plus de problèmes respiratoires pour notre petite ! Un premier « déclic », et puis un soir sans savoir pourquoi il y a eu ce vrai déclic ! Celui où en allant embrasser ma fille au moment du coucher, je me suis dit que je ne l’avais pas eu pour lui laisser l’héritage d’un monde qui fonce droit dans le mur. Et de là à commencer le changement au sein de notre maison. Encore aujourd’hui ce n’est pas toujours évident car certains automatismes tendent à faire de la résistance mais petit à petit nous changeons (fabrication des lessives, produits ménagers, limitation de la voiture, réduction drastique des achats pas indispensables, limiter les dechets et le plastique, manger des fruits légumes / autres locaux et de saison, etc). Mon mari me disait au début que je ne changerais pas le monde seule avec mes 10 doigts, mais je me dis que je participe au changement, j’en parle autour de moi et je vois aussi mes proches changer ! Et puis je me rends compte que dans les écoles, émissions pour enfants, livres, ils sont véritablement sensibilisés à ce tournant écologique que nous devons prendre. C’est peut-être un peu idéaliste, mais je me dis que si chacun y met du sien nos enfants auront peut-être un monde meilleur que le nôtre ! Je reste convaincue que notre génération amorcera ce changement et que nos petits seront ceux qui pourront véritablement changer ce mode de fonctionnement !

  8. Merci pour cet article. Je suis née dans une famille écolo dans les années 70 ( et à cette époque, mes parents en ont entendu des vertes et des pas mûres comme on dit, à propos de leur attitude) et j’ai souvent été ostracisée par la société qui m’entourait. Pourtant mes parents étaient deux fils et fille de paysans virés de leur terre par manque de travail…Pas riches, pas diplômés du tout…Ca m’a fait toujours profondément CH… d’entendre que « c’est réservé aux riches de manger bio » ou que les écolos sont des bourgeois…comme s’il fallait être riche pour réfléchir alors qu’en fait non c’est même souvent le contraire car en manquant d’argent on comprend bien des choses: les liens de solidarités nécessaires, le travail pour faire un plat ou pour faire pousser un légume, l’énergie que représente un déplacement etc…bref, l’écologie n’est pas un sport de riche c’est même l’inverse. Quoiqu’en disent toujours certains qui font ainsi semblant de se préoccuper des moins favorisés qu’eux. Merci donc pour ce cheminement partagé qui me donne beaucoup d’espoir pour l’avenir (si, si, quand même!)

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