La fausse couche, pourquoi en parler?

Quand j’ai appris que la petite graine que je portais ne grandissait pas, personne (hormis mon amoureux) ne savait que j’étais enceinte. J’aurais donc  facilement faire le choix de n’en parler à personne, et d’ailleurs je pense que nombreuses sont les femmes qui se taisent.

J’ai décidé de faire le choix d’en parler pour trois raisons que je souhaite vous expliquer aujourd’hui.

-Lorsque la mauvaise nouvelle nous a sciée les jambes, ma toute première réaction a été de me confondre en excuses auprès de mon amoureux… Je me sentais profondément désolée de lui imposer de vivre cela et très coupable d’avoir failli à ma mission de porter la vie. Ah… la fameuse culpabilité, vous la connaissez certainement si vous êtes parents, parfois elle est moteur, elle nous pousse à faire mieux et se dépasser, parfois elle est toxique, elle nous brise, nous dévalorise, elle devient comme enclume en soi qui nous empêche d’avancer. Et cette culpabilité là je n’ai pas mis longtemps à me rendre compte qu’elle faisait partie de la deuxième catégorie. Je pense que c’est légitime de ressentir une défaillance, puisque c’est dans le corps des femmes que naît la vie et c’est donc également dans ce lieu que peut survenir la mort, et ça nous rappelle à quel point cette magie est précieuse. Mais ce sentiment certainement naturel peut vraiment avoir des conséquences désastreuses et se transformer en honte… Et ne pas en parler c’est le cacher comme un terrible secret trop honteux à dévoiler qui petit à petit nous dévorerait comme une gangrène. C’est se répéter à l’infini « pourquoi moi? »… alors que la seule réponse à cette question c’est « pourquoi pas moi? ». C’est pour ça que rapidement j’ai ressenti le besoin d’en parler à mes proches, pour me sentir rassurée, pour entendre plus de fois que de raisons que ce n’était pas de ma faute. Et je crois que ça a marché, car ce sentiment de culpabilité j’ai réussi à le contenir, à éviter qu’il déborde et me paralyse.

-J’en ai aussi parler car ne pas le dire me donnait l’impression de mentir. Je comprends bien que ce soit une impression personnelle, c’est certainement lié au fait que je sois très entière et que j’ai du mal à garder les secrets en général. Mais je ne me suis pas imaginée une seconde trouver une excuse pour annuler mon voyage à Bastia avec mes copines, je leur ai simplement dit la vérité. Nous avons pour ces même raisons décidé d’en parler à nos enfants, ce n’est ni quelque chose que je conseille, ni le contraire, c’est à chacun de faire le choix qui lui semble le plus adapté. J’ai hésité car je ne voulais pas les angoisser, mais en même temps ils voyaient bien que rien n’était normal, que papa était à la maison, que maman avait les larmes au bord des yeux… et puis eux aussi j’avais l’impression de leur mentir, je ne supportais plus les messes basses avec mon Chéri devant eux. Alors on a décidé de leur en parler avec des mots très simples sans dire « bébé » ni « mort », on a parlé de graine qui n’avait pas poussée, que ce n’était pas grave mais que ça nous rendait triste.

Roméo a eu une réaction très étrange, puisqu’il s’est mis à pleurer en disant qu’il ne voulait pas de frère ou de soeur… puis il a continué à pleurer de tristesse de ne pas en avoir… Je pense qu’il était à cet instant particulièrement à fleur de peau puisque depuis des jours il nous voyait malheureux et s’était probablement imaginé des scénarios bien pires. C’est un garçon très sensible et très lié à moi émotionellement. Nous avons pris le temps d’en rediscuté à sa demande 2 semaines après juste tous les deux, où à force de discussions je me suis aperçue qu’il était très peiné pour nous et qu’il s’en voulait d’avoir réagi comme ça. Je l’ai rassuré en lui disant que c’était son droit de ne pas vouloir de frère ou de soeur et que surtout ce sentiment n’était en rien responsable du fait que ça n’ait pas marché cette fois ci, je lui ai même dit qu’il avait le droit d’être content que cette graine n’ait pas grandie, et il s’est mis à pleurer en disant qu’il aurait aussi été bien content qu’elle grandisse. Au final ça l’a certainement un peu questionné et remué mais je suis intimement persuadé que ça l’a bien moins angoissé que si on ne lui avait rien dit.

Mona quant à elle a directement dit qu’elle était triste car elle voulait devenir grande soeur. Puis le lendemain elle a fait un dessin de moi avec une petite graine, j’ai donc du lui ré-expliqué qu’il n’y avait plus de petite graine, ce à quoi elle m’a répondu « regarde maman la petite graine elle est dans ton coeur, même si elle est plus dans ton ventre, elle est bien encore dans ton coeur? »…. Et elle n’imaginait même pas à quel point elle avait raison.

– Enfin, si j’ai décidé d’en parler, et notamment de façon publique ici (alors que là non plus rien ne m’y obligeait), c’est parce que je trouve qu’il y a un tabou qui existe toujours de nos jours à ce sujet, qui pourtant est tristement banal. Et dans les jours qui ont suivi ma fausse couche, ce qui m’a le plus aidé c’est le parcours des personnes autour de moi qui avaient vécues cette expérience et l’avait surmonté. Je crois que ça m’a profondément rassuré de savoir que je n’étais pas seule et qu’on pouvait y survivre. Plus on en parlait autour de nous, plus la liste des personnes à qui cela était arrivé s’allongeait…  Alors j’ai pensé à ma cousine, à ma copine d’enfance, à la soeur de mon amie… et puis aussi à Maman Louve, à La journalise pink et green, Happy ever after et même à Malyslon… Je remercie d’ailleurs Flore et Julie qui ont eu beaucoup de mots réconfortants pour moi et m’ont aidé à rester positive. Alors je me suis promise de moi aussi laisser ma trace, rendre cette histoire publique pour dire que ça m’est arrivé à moi aussi… que j’ai été triste comme jamais mais aussi que j’ai trouvé les ressources en moi de continuer à sourire à la vie.

Et je crois que j’ai très bien fait car vous n’avez pas idée à quel point votre soutien et vos témoignages m’ont touchés en plein coeur. Je vous en remercie encore.

Je veux finir avec une pensée pour toutes les femmes qui ont une force incroyable, même si elle ne le savent pas forcement, qui savent creer la vie mais aussi surmonter la mort, tout cela au coeur d’elle même. Et puis aussi je veux profiter de ce billet qui sera certainement le dernier sur cet événement pour remercier mon amoureux qui a été parfait, qui a été à mon écoute et s’est rendu très disponible, qui lui aussi a surmonté sa tristesse pour aller de l’avant. Je l’aime fort. J’ai pleinement conscience aujourd’hui que cette triste nouvelle nous a rendu plus forts et plus unis.

Les photos n’ont pas grand chose à voir, elles ont été prises le lendemain de ma publication sur le petite graine ici, et pendant cette balade remplie de rire et de sourire j’ai beaucoup pensé à vous, à celles que je connais comme celles que je ne connais pas, je me suis rendue compte que ce blog m’offrait la chance d’être encore mieux entourée.

60 réflexions au sujet de « La fausse couche, pourquoi en parler? »

  1. Si ça t’a fait du bien tu as eu parfaitement raison d’en parler et je trouve tes « arguments  » ( comme si il fallait argumenter pour parler de ce qu’on veut pfff) très sensés et honnêtes .
    J’en ai parlé aussi sur mon blog, je ne sais pas trop pourquoi et je n’ai peut être pas très envie d’y réfléchir 😉 sans doute parce que j’avais parlé de cette graine et que je devais aussi en expliquer la fin ( je ne sais pas ce que je ferai pour la prochaine , si prochaine il y a ) Nous avons vécu la même chose mais le ressentons peut être différemment , j’ai eu besoin pour ma part de rationnaliser la chose: 19 ans de pilule sans discontinuer, 33 ans , premier essai qui fonctionne au bout de deux mois , peut être un coup d’essai comme on dit , ça ne POUVAIT pas marcher et c’est tout , on passe à autre chose (mais c’est ma façon de voir hein ) j’ai été triste mais je n’y pense pas tant que ça pour l’instant peut être que quand il y aura une autre graine j’aurais des appréhensions par contre . On verra
    je te souhaite en tout cas tout le bonheur possible et je pense que tu peux être fière de toi , fière de t’être , de vous être écoutés

    1. Je suis allée lire tes articles. Je suis désolée pour toi. Moi aussi j’ai l’impression d’être bizarrement rapidement passé à autre chose. Il faut dire que je me suis jeté à corps perdu dans le travail. Mais je me rends compte que les séquelles restent quand j’envisage une autre grossesse… je suis tout à coup pétrifiée de peur, et ça j’ai l’impression que ça va être plus long à surmonter.

      1. J’ai quelques appréhensions aussi je l’avoue surtout à l’idée du cap de la première échographie . Pourtant ce n’est pas tant pour moi que je m’inquiète que pour Monsieur , j’ai découvert au détour d’une phrase la semaine dernière qu’il avait souffert lui aussi  » on a perdu un enfant » et finalement je me dis que moi j’ai été entourée ( bien ou mal , les médecins/laborantins ne sont pas toujours très tendres ) j’ai été examinée ( sous toutes les coutures) j’ai été opérée presque écoutée et puis j’ai eu mal physiquement la fin de la douleur marquant la fin de l’histoire ( pour moi ) mais de lui on attendait qu’il soutienne ma peine. Et la sienne ?? bref on en a parlé ( heureusement on se parle beaucoup et de tout ) et je pense, non je sais que ça va aller .
        Je crois comprendre ( mais peut être que je me trompe ) que tu ne souhaites pas retenter l’aventure tout de suite , je te souhaite donc plein de douceur dans ta  » guérison  » … et de la chance pour quand/si tu te sentiras prête et du succès bien sur 🙂 ( sinon je te l’ai pas dit mais je trouve tes enfants supers chou ) ( ha oui si tu as besoin d’en parler par Mp ou autre même si je sais que tu es bien entourée, même si on se connaît pas bref n’hésite pas )

        1. Je suis d’accord avec toi, les hommes sont les grands délaissés de cette affaire. Comme s’ils étaient extérieurs à tout ça. Ici aussi on a beaucoup discuté, et il a eu la grande chance d’etre très bien entouré à son travail. Il a pu rester à la maison presque 1semaine et a eu tout le soutien de ses collègues mais surtout de son chef. C’est tellement rare dans le monde du travail. Je suis tres ambivalente pour une future grossesse, car j’en ai envie, et la place pour un troisième enfant est prête en nous, mais j’ai du mal à me projeter dans un nouveau projet de grossesse. Contrairement à mon amoureux qui est très pressé lui.

  2. Super article. C’est exactement ça !
    J’ai versé une petite larme, je me suis revue avec Seb au mois de janvier. Nous avons nous aussi eu cette triste expérience.
    C’était une première grossesse, la nouvelle a été rude et la déception immense.

  3. Tu as tout à fait raison. Avant Louis, mon 1er, j’ai fait une fausse couche. J’ai « perdu » cette 1ère petite graine tant attendue. Du coup j’ai énormément douté « Serais-je Maman un jour ? Si ça se trouve ça ne marchera jamais » … Et j’en ai très peu parlé autour de moi. Car c’est très banalisé, on dit que c’est normal, que ce n’est rien … Mais ce n’est pas rien et ça marque, on n’y pense ensuite à chaque nouvelle grossesse.
    Cette fausse couche a eu lieu en Juin, ce bébé aurait du naitre en Janvier. Et bien il m’a fallu attendre Janvier pour qu’une autre petite graine pousse cette fois. Je n’en ai pas parlé et du coup je suis convaincue que ma tête et mon corps ont attendu d’être bien sûrs que ce bébé n’était pas là pour finalement en laisser un autre prendre la place …

    1. J’ai l’impression qu’il y a encore trop de tabou sur ce sujet, et ça n’aide pas à passer à autre chose, tu as tout à fait raison.
      C’est pour ça que j’ai vraiment ressenti le besoin de libérer la parole!

  4. Tu sais, j’ai été très touchée par ton article ce jour-là. Parce que je sais que ce n’est pas évident de parler de l’intime à des inconnus. Mais au-delà de ce chagrin immense, tu as su trouver les mots justes pour briser un tabou . En libérant ta parole, tu permets à d’autres aussi de s’exprimer. Alors merci pour tes mots, qui donnent du sens et de l’espoir.

    1. C’était essentiel pour moi. Je pense qu’il est normal de se sentir triste après une telle déception, mais se sentir nulle, seule et coupable, ça je suis sure qu’on pourrait l’éviter

  5. C’est une immense tristesse. Pensée également à celles qui comme moi n’ont pas pu avoir de petite graine.
    La vie n’est pas toujours simple, profitons des gens qu’on aime et qui nous donne de leur énergie pour aller de l’avant. Et surtout ne jamais se sentir coupable.
    Je te souhaite à toi et ta famille d’être heureux.

  6. Je te trouve très courageuse et tu as certainement raison dans tout ce que tu dis.

    Mais moi je n’ai pas réussi à en parler, j’ai gardé tout ça pour moi, mon homme avait beaucoup de mal à comprendre l’ampleur de ma tristesse et je me sentais malheureuse comme jamais et incomprise … et peut-être qu’en parler autour de moi m’aurait aidé, mais je n’ai pas eu ce courage.
    Ce qui m’a certainement bloqué aussi, c’est que j’ai eu beaucoup de mal à avoir mes loulous.: traitements et compagnie jusqu’à l’insemination. du coup on ne disait pas qu’on essayait pour ne pas que tout le monde nous demande tout le temps: « alors? » Ceci dit en l’écrivant je me rends compte aussi après coup que ces démarches de PMA que nous avions et que nous gardions également secrètes auraient peut-être été plus facile à gérer si nous avions parlé … peut-être, peut-être pas … c’est facile à dire aujourd’hui que je sais que tout ça a marché et que j’ai deux beaux enfants.

    Bref tout ça est très intime et très difficile à gérer.

    En tout cas, tes enfants ont eu des réactions très touchantes et très émouvantes.

    Je te souhaite tout plein de jolies choses <3

    1. Tu me connais et tu sais que cet article ne doit pas être lu comme une injonction, chacun fait bien comme il veut et comme il peut dans ce genre de situation. C’est juste que j’ai du mal à comprendre qu’on puisse se sentir aussi seule et nulle alors que une femme sur deux autour de nous a connu ça, si on le savait, on se sentirait probablement moins isolée… enfin c’est mon avis. Mais je pense comme toi, que cela peut bloquer pour la suite. Moi d’ailleurs je ne me sens pas prête à réessayer.

  7. tes mots sont si justes!!!!

    ici nous avons donc perdu un bb a quasi 6 mois de grossesse et ça s’est passé avant mes enfants
    et pour moi il etait aussi inconcevable qu’ils ne connaissent pas leur histoire
    qu’ils ne sachent pas qu’ils avaient eu une soeur partie beaucoup trop tot

    ils reagissent chacun différemment, mais quand un de mes loulous a une pensée pour sa soeur, je me dis qu’elle est toujours là, qu’elle a bien eu son existence aussi

    je te souhaite de retrouver la paix et que vos beaux sourires prennent vraiment le dessus sur cette terrible épreuve que la vie puisse nous mettre sur notre chemin

  8. Tes mots sont si justes …
    Je n’ai jamais eu à vivre ça, mais j’ai l’impression que c’est l’épée de Damoclès au-dessus de la tête de toutes les femmes. J’ai été pétrifiée par la peur les trois premiers mois de ma grossesse si attendue. Je suis convaincue qu’en parler est la meilleure façon de se relever.
    Je me souviens étant petite que mon père nous a dit un soir à ma soeur et moi que maman avait eu une graine dans le ventre et qu’elle n’avait pas grandit. Je me souviens assez bien avoir été terriblement soulagée. Je voyais ma mère pleurer sans pouvoir s’en empêcher depuis 2 jours et je pense que j’avais imaginé toutes sortes de choses. Je me suis demandé si la peur qui me paralysait au début de ma grossesse était due à ce souvenir. Je me suis demandé si mes parents avaient bien fait de nous le dire. Et depuis, je suis convaincue que oui, ils ont bien fait, car ils auraient laisser planer une incertitude qui aurait peut être produit d’autres effets …
    Et puis pour les enfants c’est une double annonce, une un peu triste d’une graine qui n’a pas grandit, et une plus joyeuse qu’ils seront peut être un jour grand frère ou grande sœur puisqu’ils comprennent le projet des parents. D’où l’ambiguïté des sentiments peut-être !
    Je t’embrasse, et j’en profite pour te dire à quel point j’apprécie ton blog et tes écrits si doux découverts il y a peu de temps.

    1. Oui c’est sur au moins là ils sont prévenus que ça peut arriver…. mais c’est dur pour Mona qui voudrait déjà être grande soeur alors que moi je ne me sens pas du tout prète à retenter l’experience!

  9. Ça m’est tombé dessus sans me dire que ca pouvait m’arriver les mois avril et mai sont les plus douleureux 28 avril on m annoncé que sont cœur ne battait plus en mai obliger de me le faire retirer Comme un ivg cest le plus dur . Et depuis jai peur d’une autre grossesse mais une mauvaise nouvelle n arrive jamais seule un an apres on apprend que mon homme a une azoospermie donc pas de zozos donc plus de projet bébé et finir par cette note La fausse couche Ca fait mal Mais jai un enfant d’une première union cest ce qui fait ma force mais rien ne sera comme avant à partir de ce 28 avril 2016 . Bonne journée

    1. Et si ça a marché une fois, même si l’issue n’a pas été heureuse, ça pourrait remarcher non?
      Bon courage en tout cas pour surmonter tout ça.

  10. J’ai tardé à te laisser un petit mot suite à ton premier post sur ta petite graine. Je me disais qu’il fallait que j’attende d’avoir allumé mon ordi, que j’attende d’être seule… Ce n’étit jamais le bon moment pour te dire. Mais au fond de moi, je sais pourquoi j’ai repoussé. Tu m’as touchée. Tu m’as beaucoup émue. et tu m’as replongé 4 ans en arrière. J’aurais aimé te dire que tes sentiments étaient tout à fait normaux, qu’une petite graine, on l’investit d’espoir, de futur, de projections, peu importe son âge. Que si toi, tu ressens cette perte comme la perte d’un bébé, c(‘est parce que c’en était un pour toi, si petit qu’il ait été. Que tu avais le droit d’être triste, d’en parler, de ne pas vouloir le taire. J’aurais voulu te dire tout ce que j’aurais voulu entendre, mais je n’ai pas pu, je n’en ai pas été capable à ce moment. Mais j’ai beaucoup pensé à toi, à ta famille, à ta petite graine. Et j’ai beaucoup pensé à la mienne. Je peux même dire que j’ai replongé dans la peine, parce que bientôt 4 ans plus tard, je ne crois pas en être tout à fait remise. Mon histoire est un peu différente de la tienne, ma petite puce n’allait pas bien et c’est nous qui avons pris la décision d’interrompre ma grossesse, la pire décision du monde. Elle était toute petite aussi (15 SA), et dans l’esprit de beaucoup, « ça n’était pas grave ». Beaucoup de gens ont décidé à ma place de ce que je devais ressentir, ont jugé ma réaction, et ça n’aide pas. Je la pleure toujours, ma petite fée des étoiles, et je sais avoir de la chance d’avoir pu lui donner un prénom, l’inscrire dans notre livret de famille et l’enterrer. C’est à peu près tout ce qui nous reste d’elle, mais c’est énorme. Mona a raison, ta graine est dans ton coeur, et elle aussi te donne de la force. Je t’embrasse

    1. Ton message m’a boulversé… Beaucoup de gens décident pour nous ce qu’on doit ressentir, tu as entirerement raison, du coup on ne se sent pas légitime d’être si affectée…
      Je crois que la chance que j’ai eu est de n’avoir jamais entendu son coeur, sinon je crois que j’aurais été dans le déni, je n’aurais pas réussi à y croire…

  11. Ma grainé à moi est parti il y a bien longtemps, elle n’était qu’amas de cellules déposé par une pipette d’une main experte dans « mon creux de moi ». Elle s’y est nidé puis s’est arrêtée là. Elle m’a fait connaître grande joie après des mois (années) d’attente puis long et profond désespoir mais aussi espoir que la suivante irait plus loin. Aujourd’hui, à la veille des 6 ans de la suivante qui a poussé 9 mois « dans mon creux de moi », je la remercie pour son passage rapide, elle m’a permis d’être la maman de celle-ci.
    Je suis peut-être masochisme mais rien ne me ferait réécrire l’histoire, celle d’avoir eu l’opportunité d’être cette maman là pour cette petite fille là. Elle était un espoir, la suivante une réalité.
    Vous êtes une chouette famille, ça fera partie de votre histoire, des blessures qui la jalonne puis vous continurez, parce qu’il y aura une chouette suite.

    1. Et oui il y a toutes ces graines qui ne prennent pas comme tu dis, et avec les structures médicales tout autour c’est encore plus décevant…
      Je vois un peu les choses comme toi, je pense que c’est comme ça, et peut etre dans quelques temps cette épreuve prendra du sens et me semblera même évidente.

  12. Je n’ai jamais vécu cette expérience personnellement… mais je l’ai vécue par procuration avec ma meilleure amie… C’est difficile d’en parler, mais aussi difficile à entendre ou lire. Je suis admirative de ton courage d’en avoir parlé aussi publiquement.
    Je te souhaite plein de belles choses avec ta famille.

  13. Vous avez raison d’en parler tant à vos enfants qu »autour de vous. Je me souviens de la tragédie que furent les fausses couches de ma mère, de la tristesse de mes parents et de ma peine de ne pas avoir cette petite soeur puis ce petit frère ….. Tout comme mes parents je les ai gardé dans mon coeur où mes parents les ont depuis rejoints.

  14. Whouah … tu m’as donné les larmes aux yeux.
    Je ne connaissais pas ton histoire, ni ton blog. Je suis « tombée » dessus par hasard, grâce à Hellocoton.
    Je suis sincèrement désolée de ce qui t’es arrivée, je ne suis pas encore maman, mais je pense que cette situation est très difficile à surmonter, car on doit s’accrocher très rapidement à l’idée d’accueillir prochainement un nouvel être dans sa vie.
    Il y a beaucoup de sincérité, de douceur et de maturité qui dégagent de cet article et je suis persuadée que celui-ci aidera d’autres femmes, aujourd’hui ou demain, à faire face à la même épreuve.
    Tu as « bien fait » de partager ton vécu avec nous, même si je me doute que cela ne doit pas être facile.

    Je te souhaite plein de bonheur, la vie est faite de belles surprises et de beaucoup de bonheur, je suis sûre que l’avenir vous en réserve encore beaucoup.
    Amicalement,
    Léa

    1. J’espère en effet que mon témoignage pourra aider certaines femmes qui se sentent seules ou coupables.

  15. Très bel article qui m’a mis les larmes aux yeux. J’ai eu la chance de ne pas connaitre cette épreuve mais maintenant que je suis maman * 2 ce sont des sujets qui me touchent particulièrement. La phrase de ta fille est juste merveilleuse de justesse et d’innocence…

    Plein de réconfort…

    Virginie

  16. Je découvre ton blog grâce à Hellocoton et le titre m’a interpelé puisque moi aussi j’ai fait une fausse-couche cet hiver et voyant le silence et la banalisation (genre c’est fréquant donc c’est pas grave >< ça m'énerve!) et l'envie de partager ça avec les autres femmes qui ont surement vécu ça mais qui, en effet, n'en parle pas. J'ai fait alors cette note de blog http://lesgribouillagesdali.blogspot.fr/2016/12/fable-muette.html
    Et j'ai alors appris que énormément de femme de mon entourage étaient passées par la même chose. Sur le plan médical j'ai été très mal accompagnée…
    j'ai aussi été surprise des nombreuses réactions, je ne m'attendais pas du tout à ça et c'est là aussi où je me suis rendue compte que ça pesait à beaucoup de femmes.
    je te souhaite en tout cas de te remettre de tout ça, en prenant le temps qu'il te faudra. Tu as l'air d'avoir une belle petite famille qui t'entoure et te soutien. le dessin de ta fille et son explication à son propos est tellement touchant!
    Et bravo à toi pour en parler et briser ce tabou.
    Bien à toi.

    1. Je suis allée voir ton article qui est très touchant. C’est vrai que même si j’ai eu la chance de rencontrer un gynéco très humaine le suivi psy est inexistant! J’ai eu le droit à pas mal de remarques pénibles, ou que je n’avais pas envie d’entendre « c’est banal, c’était pas un bébé etc » mais je suis déjà maman, je sais que mon corps en est capable et je crois que en ça c’est assez différent d’une première grossesse. Je me permets de t’embrasser très fort et je te souhaite de trouver la solution de réparer cet événement.

  17. Chère Deborah

    Cette série d’articles est très touchante et je te remercie de ton honnêteté, de la façon dont tu t’es confiée à nous a lors qu’on ne se connait pas ou si peu…
    Comme vous, nous avons un projet de troisième enfant, la petite graine tarde à s’installer et bien sûr, on se dit que ça pourrait nous arriver aussi.
    Je te remercie de ce message surtout, qui brise les tabous comme tu le dis si bien. Je n’aurais jamais envisagé en parler aux enfants si cela devait arriver dans notre famille, et pourtant, en te lisant, cela parait évident qu’il faut le leur dire.
    Merci donc pour tout ça, pour ton courage, pour ton beau blog et la joie de vivre que tu nous communiques à travers lui et qui, je n’en doute pas, reviendra vite. Nous sommes là, virtuellement, si tu as besoin !
    A bientôt

  18. je te l’ai déjà écrit, ton récit m’a touchée, mais pleine de vie comme tu l’es, tu as déjà « rebondi », c’est sûr puisque ce n’est plus tabou pour toi..
    je pense à toutes les mamans qui ont perdu un enfant, je pense qu’il n’y a pas plus grande douleur, qu’il ne soit même pas né ou déjà grand.. ma fille a eu une leucémie et c’était très dur, alors je te comprends, même si cela est complètement différent de ce que tu as ressenti, mais cela se rejoint, nous avons si peur de la perdre..

  19. Je trouve en effet que c’est important d’en parler. Lorsque je suis tombée enceinte la première fois j’ai perdu mon bébé à 3 mois. Je savais que cela existait mais je croyais que c’était assez marginal et qu’il fallait un peu « l’avoir cherché » pour que ça arrive (quelle horreur avec le recul). Et puis lorsque c’est arrivé, une grande majorité des femmes qui m’entourent m’ont confiée que ça leur était arrivé à elles aussi… Je crois que ça m’a aidée à surmonter ce moment vraiment difficile (physiquement, nerveusement) en me donnant l’espoir que cela finirait par fonctionner puisque ça arrive finalement si souvent.
    Aujourd’hui j’ai deux enfants, mais mes grossesses ont été marquées par ce premier bébé qui n’a pas grandi. J’y pense encore parfois, même si le deuil est fait je crois…
    Alors merci d’en parler, de faire connaître cet événement qui peut être mieux vécu lorsqu’on n’en ignore pas l’existence.
    Je t’envoie plein de courage pour surmonter cette période.

  20. Je ne sais pas si c’est tabou ou non… Au final je suis contente de ne pas en parler a la petite, vu ce qu’elle a déjà encaissé, et ma FC après Erika on l’a gardé pour nous… enfin plus maintenant donc 😉 Mais a part ma sœur et une amie personne ne sait, il y avait déjà trop de souffrance avec la perte du bébé et mon père très très malade. On fait au mieux selon le moment présent, en fonction de nous ! Tu as bien rebondi et c’est l’essentiel 🙂 Être bien entourée par sa famille aide beaucoup, on parle peu des hommes et de leur souffrance, mais sans le mien j’aurai mis plus de temps a aller mieux… Je t’embrasse fort !

  21. Très bel article qui m’a fait versé une petite larme …
    J’ai connu ça aussi avant d’avoir notre petit bonhomme ( qui va sur ces 10 ans lol) j’en ai fait 2, une vers 1 mois de grossesse et la seconde à 3 mois … et quand je repense à la froideur avec laquelle on m’a annoncé ça à l’hôpital, ça me rend folle de rage …
    Tu as eu raison d’en parler, ça fait du bien …

  22. Très beau message qui m’a fait pleurer… Je suis dans mon 6ème mois actuellement et réussir à tomber enceinte a été un combat pour moi… des mois d’attentes puis de traitements jusqu’à ce miracle de la fin de l’année 2016… Beaucoup de courage à toi pour cette épreuve qui est malheureusement assez courante mais qui reste encore très tabou… bises

  23. Oh, quel bel article qui me touche en plein coeur en ce moment…Je fais maintenant partie des femmes à qui « c’est arrivé », la petite graine n’a pas poussé, ma petite Lune est partie rejoindre les étoiles…dur dur, et surtout de ne pas pouvoir en parler. J’ai trouvé énormément de réconfort par mon blog. Merci aussi à des femmes qui toi qui en parlent. Merci de le faire avec autant de poésie (beaucoup d’émotion à lire la réaction de tes enfants). ps: désolée si je te tutoie, le récit m’a perturbée 🙂

  24. Moi aussi la petite graine vient de cesser de pousser. Je suis triste mais pas défaitiste j’ai la chance d’avoir un petit garçon de 4 ans et demi en pleine forme. Ça fait du bien de voir qu’on est pas seules. J’embrasse toutes les mamans et les mamans en devenir. Affectueusement, Sarah

    1. Récemment j’ai évoqué la fausse couche avec un ami qui a été dans le ême cas que moi …… Suite à sa fausse couche sa mère a subi en plus de la perte de ce bébé en devenir la suspicion de certaines infirmières, de certains médecins et même de certaines personnes de sa famille …… Cela se passait également comme cela autrefois. Je me souviens que parfois j’ai entendu de tel propos …… C’est le propre des années de pouvoir se souvenir du  » qu’en dira t-on » d’une époque …….

  25. Bonjour
    C’est bien la première fois que je réagis à la lecture d’un blog parce que cette fausse couche me touche aussi pour la première fois. Je me suis tue moi aussi, seuls, mon compagnon et le médecin sont au courant de ce que j’ai vécu. Ça fait mal au coeur, mal physiquement, mal tout court quand cet événement survient alors que c’est ma première et unique grossesse. J’ai enfin trouvé l’homme de ma vie à plus de 40 ans….apprendre une grossesse spontanée à 44 ans passés c’était la cerise sur le gâteau et tout plein de questionnements et d’angoisse qui surgissaient à la fois. 6 petites semaines à percevoir les premiers signes de changement du corps, à imaginer un futur, à envisager une autre façon de vivre….et puis plus rien….une triste échographie où ´ aucun petit sac n’est visible ´…..je voudrais simplement remercier cette petite graine de fleur d’avoir été en moi. Elle m’a confrontée à une réalité de la vie, à mesurer le Grand Amour qui me lie à Oli, à continuer à avancer sur mon chemin de vie, à m’écouter davantage, à prendre soin de moi encore plus. J’embrasse toutes les femmes de la Terre. Et je remercie mon amoureux d’être aussi attentif et gentil envers moi.

  26. Bel article!
    Je suis récemment passée par l’arrêt de la germination de la petite graine…
    Le 29 mai, on m’annoncait que la graine s’etait arrêtée… Tout s’est écroulé pour moi car c’etait la toute première…
    Peu de gens étaient au courant… Mais tout comme toi, j’ai ressenti le besoin d’en parler… Car j’avais l’impression de mentir à mes proches, de ne pouvoir les regarder en face mais pas grand monde était passé par là avant… Malgré cela, J’ai eu beaucoup de soutien ….
    Mais 2 mois et demi après, mon entourage passe à autre chose… Et pourtant moi pas… J’en suis arrivée à ne plus supporter de voir une femme enceinte sans me demander pourquoi je n’ai pas ce « droit »-là… Le temps me paraît si long… On avait attendu 11mois avant que ca ne fonctionne.. Alors il m’arrive de perdre espoir… Pourtant je sais que tout est si « frais », que je ne dois pas me précipiter… Mais c’est dur…

    1. Je suis tellement désolée pour toi. Je me rends compte 3 mois après que je ne suis toujours pas réellement passé à autre chose. Je te souhaite plein de bonheur à venir…

  27. Je découvre ton blog et ces articles sur la petite graine.. Merci de parler de ce sujet. Tes mots raisonnent en moi, après la même épreuve vécue en juin dernier.. Ce sentiment de culpabilité, j’ai l’impression qu’il est impossible de ne pas le ressentir, tout comme se demander « comment ai-je pu ne pas le ressentir/ le deviner? »
    En parler à mes proches et amies m’a aidé également, et je me suis aussi rendue compte que ça arrivait à tellement de femmes, et que chacune d’entre elles, tout comme moi, étaient impuissantes face à ce choix de la nature..

  28. Je découvre ton blog, que je trouve vraiment très chouette! J’ai moi aussi fait une fausse couche au mois de juin après cinq semaines de grossesse. Le cœur de l’embryon s’était arrêté. J’ai dû subir un curetage. J’ai aussi voulu en parler sur mon blog ainsi qu’à mes proches et même à mes collègues de travail car j’ai remarqué ce silence, ce tabou, alors que tout cela n’a rien de honteux. Alors, même si c’était difficile pour moi d’en parler car j’étais vraiment très triste, j’ai senti qu’il le fallait. Bref, je suis très heureuse de voir que tu attends un heureux événement. J’espère que cela m’arrivera une nouvelle fois, même si j’appréhende un peu! En attendant, je profite de ma fille et de mon mari et garde cette petite graine qui n’ a pas grandi dans mon cœur, comme l’a si joliment dit ta fille.

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