La tyrannie de l’orthographe

Vendredi dernier, j’ai enregistré un direct avec Sophie de Eveil Féminin, c’était au sujet de la créativité, et c’était très intéressant, d’ailleurs vous pouvez le retrouver ici. Mais, alors que ça n’avait pas vraiment de lien avec le sujet, j’ai évoqué mes difficultés à l’écrit. Je m’étais promise d’en parler ici depuis longtemps, alors je me suis dis que c’était le bon moment. Il y a une réelle réflexion à mener autour de l’orthographe telle que nous la concevons actuellement en France, et je vais vous expliquer pourquoi.

Je vous donne un exemple. Si un recruteur met un CV du mauvais côté car la personne est une femme, est une personne de couleur, a un nom arabe, est trop âgé… on appelle ça de la discrimination. Si un recruteur met sur la mauvaise pile un CV car il contient des fautes d’orthographe, on trouve que c’est normal!!

Pourquoi aujourd’hui c’est normal de pointer une faute d’orthographe?

Nous avons tous grandis avec une grande pression à l’école autour de l’orthographe. D’ailleurs bien avant d’apprendre à écrire quelque chose, nous apprenons juste à écrire comme il faut. On fait des dictées avant de faire des rédactions. La forme est largement valorisée face au fond.

D’autre part étant donné que l’instruction est obligatoire, qu’en France l’école est publique est centrale dans la vie des enfants, on présuppose que tout le monde a accès de façon égal à l’orthographe. Ce qui signifie que la personne adulte qui fait une faute, le fait uniquement par paresse ou peut-être par provocation… Mais en aucun cas on admet qu’elle puisse faire une erreur car elle ne peut pas faire autrement.

Enfin, en France particulièrement, nous avons une passion pour notre chère langue. Nous sommes culturellement attachée à complexité assumée de notre orthographe (qu’on peut aussi bien qualifier d’incohérence). Il n’y a qu’à voir ce que chaque reforme sur l’orthographe provoque sur l’opinion publique. On a l’impression que chaque faute affaibli la langue française…

Pourquoi c’est discriminant de pointer une faute?

Lorsqu’on soulève publiquement une faute d’orthographe, de grammaire, de conjugaison, que fait-on en réalité? On note une différence. Est ce que celle-ci est culturellement flatteuse? Est-ce que dans notre culture, on se dit « Oh la meuf elle joue avec les lettres c’est de la poésie pour les yeux, quel talent d’inventer de nouveaux mots! »? Non jamais. C’est donc signifier une lacune, une incompétence, une infériorité.

Il faut avoir pleinement conscience que l’orthographe est un puissant marqueur social. D’ailleurs il a été pensé comme tel, pour être réservé à une élite. C’est aujourd’hui encore un signe d’inculture. La langue française est compliquée et son acquisition se fait de façon inégale. Il y a plein de raisons qui expliquent ces difficultés. Il y a les différences de langues maternelles, les inégalités sociales, les trajectoires personnelles les troubles dys, les troubles de l’attention, l’humiliation autour des apprentissages… Il y a plein d’explications au fait que certaines personnes fassent des fautes, mais ce qui est certain, c’est que ce n’est jamais le plaisir d’en faire.

Il existe une véritable peur de s’exprimer à l’écrit pour les personnes présentant des difficultés. Les linguistes appellent ça « l’insécurité linguistique ». Cette inquiétude est nourrie par cette attitude bien pensante à systématiquement faire remarquer les erreurs à l’écrit, qui elle, est totalement admise. Internet, les réseaux sociaux sont une merveilleuse vitrine à ce phénomène.

Or que se joue-t-il au moment de cette exhibition de la faute? C’est purement et simplement l’expression d’un rapport binaire dominé/ dominant. Je ne juge pas les personnes qui notent ou corrigent l’orthographe de leurs compères, car c’est une pratique normalisée voire encouragée. Je suppose donc que ces personnes le font sans voir le mal, peut être même qu’elles pensent bien faire en faisant profiter l’autre de leur savoir. Je ne souhaite donc pas stigmatiser ces personnes, mais bien interroger cette pratique, et son utilité.

Pourquoi la faute n’est pas grave?

Alors, je sais qu’avec un pareil titre je vais en faire bondir certains.. Mais j’assume: faire des fautes ce n’est pas grave. Déjà relativisons un peu, il ne se passe rien de dramatique à chaque erreur, la faute ne fait de mal à personne, ce n’est pas une attaque.

Pourtant on la perçois comme telle… Parfois j’entends « écrire un texte avec des fautes de français c’est manquer de respect à son lectorat ». Il faut en finir avec cette idée, l’orthographe n’a aucun lien avec le respect que l’on porte aux destinataires de son texte. D’autre part, les individus qui rendent publique leurs écrits donnent par la même, des informations, ou des ressentis, ils prennent donc de leur temps et de leur énergie pour transmettre quelque chose (que l’on peut juger de qualité ou non) à un lectorat… Il faut donc penser la lecture d’un texte: au travail, au temps, à la vulnérabilité, au courage de l’auteur, et non plus l’orthographe.

Ce qui m’amène naturellement au point suivant. Si on comprend le fond, pourquoi s’attarder sur la forme? L’intérêt de la transcription écrite de notre langue est bel et bien de l’utiliser pour véhiculer des idées, des histoires, des faits, des blagues, pour créer du sens. Si on comprend le sens, l’objectif de l’écrit est atteint. Alors que l’on a trop souvent tendance à s’arrêter à la forme sans donner sa chance au fond.

Mon histoire d’orthographe à moi

Pourquoi c’est un sujet sensible pour moi? Car je fais partie de cette minorité (ou cette majorité) à galérer avec la langue française. J’ai été l’enfant qui collectionnait les zéro en dictée, l’enfant humiliée en public. J’ai vu mes 16/20 en rédaction se transformer en 12 à cause des fautes. J’ai été cette jeune adulte terrorisée de montrer ses écrits. J’ai été cette personne convaincue d’être nulle, pas intelligente parce que je n’arrive pas à intégrer, comprendre, appliquer certaines règles…

Pourtant j’ai toujours aimé écrire: j’ai écrit dès 7 ans des nouvelles, des BD, des rédactions, des dissertations, des mémoires, et puis des articles de blog. Aujourd’hui je sais qu’il m’a fallu du courage pour persévérer dans l’écriture, et puis je sais aussi que je ne suis pas moins intelligente ou moins respectable à cause de mes fautes. Si vous saviez combien de fois j’ai ressenti ce truc dans la poitrine qui ressert comme un étau à chaque ouverture de commentaires ici… de peur qu’on y note que mes erreurs. J’accepte les remarques si elles sont constructives, mais surtout je ne veux plus avoir peur d’écrire.

Je suis également devenue maman, j’observe chaque soirs affairés à leurs devoirs deux enfants particulièrement curieux, vifs, intéressants et sérieux. Deux enfants ayant les même parents dont l’un se bat quotidiennement avec l’orthographe jusqu’à se dégouter de l’écriture, tandis que l’autre en ne regardant les mots qu’une seul fois les mémorise sans mal, et collectionne les dictées à zéro… fautes!

Ils sont l’illustration parfaite que l’acquisition de l’orthographe est inégale, qu’elle n’a rien à voir avec l’intelligence, le respect ou la paresse.

Je vous conseille vivement de visionner cette vidéo qui a fait l’effet d’une bombe en moi et qui m’a permise de reconstruire mon rapport à l’orthographe. C’est La faute d’orthographe par Arnaud Hoedt et Jérôme Piron

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30 réflexions au sujet de « La tyrannie de l’orthographe »

  1. Ouah!! J ai l impression que tu parles de moi dans le paragraphe mon histoire d orthographe à moi. La peur d écrire, de montrer mes écrits…Depuis enfants on me répète tu as le fonds mais pas la forme. En philo, mes profs aimaient ce que j écrivais mais ma syntaxe, les fautes d accords… me faisait baisser mes notes et encore aujourd’hui je doute, j ai honte et pourtant j écris tout les jours, j adore ça mais je me sens tellement nulle et non légitime qd les fautes s invitent à ma copie. Je bloque, encore il y a quelques semaines mon chef me dit pourquoi ne fais tu pas la vae educ spe tu sembles avoir toute les capacités et l envie pour ça. Ma réponse : les écrits peur du regard, peur d être jugé, peur d être imposteur bref merci merci pour ton post qui va me faire réfléchir à comment arrêter d avoir peur…peux être.. Et passer à l action sûrement.

    1. Oui il faut absolument déconstruire cette idée d’infériorité causée par l’orthographe!!! Après le soucis c’est que même si personnellement on avance sur ce sujet, est ce que la société est prête à interroger cette tyrannie de l’orthographe

      1. Savoir écrire est une excellente base pour se défendre dans la vie : si vous savez rédiger et rassembler correctement vos idées, les ordonner au mieux, vous pouvez résoudre un grand nombre de soucis, ce que ne pourraient faire ceux que rebute l’usage de la plume ou du clavier. Deuxièmement, savoir rédiger et s’exprimer correctement permet évidemment d’accéder à un choix de métiers plus large. Et enfin, le français, à mon avis, doit être compris de la même manière par tous. . Et je ne comprends pas bien pourquoi cela pose tant de problèmes d’apprendre notre langue alors que cela fonctionnait jusqu’il y a peu ?

        1. Je crois au contraire que ça n’a jamais très bien fonctionné. L’orthographe crée des inégalités et des sentiments d’infériorité.
          Je ne remets pas en question le langage écrit qui est effectivement essentiel et qui est une force. Je questionne le fait que l’orthographe français a été conçu par des élites de façon volontairement difficile afin de rendre son accès compliqué.

          1. Aujourd’hui il est considéré comme normal de placer les mots dans n’importe quel ordre et de les orthographier comme bon nous semble. La tolérance devient prioritaire sur la compréhension du texte. Du moment que l’on discerne ou devine le sens, quelle importance? Vive l’évolution! s’écrient certains linguistes avides de nouveauté. Bien sûr, mais c’est de cette manière aussi qu’une langue évolue à petit feu vers sa fin…

  2. Merci pour cette article qui raisonne fort en moi.
    Alors je suis de celle qui corrige les fautes d’orthographe de son mari car elle sait que le jugement sera sans appel pour son lecteur.
    Et paradoxalement qui encourage ma fille de 8 ans à écrire sans se soucier des fautes car le plus important est ce qu’elle a à dire.

  3. Je suis complètement d’accord avec toi sur le fond, tu as largement raison et tout ce que tu dis est vraiment légitime. Et pourtant… rien à faire, je ne peux pas m’empêcher de tiquer (intérieurement ;o)!) sur les fautes quand je lis un article ou n’importe quel écrit.
    Ça m’interromps dans ma lecture, ne serait-ce qu’une seconde, c’est incontrôlable, je bloque. Pourtant moi-même malgré tous mes efforts je fais aussi des fautes, et rares sont ceux qui maîtrisent parfaitement notre langue si élitiste!

  4. Je ne suis pas de celles qui se sont senties jugées par leurs fautes d’orthographe même si je suis consciente d’en faire beaucoup. Peut être une sorte de confiance en moi.
    Par contre ce qui me désole c’est le temps passé (perdu ?) par nos écoliers Français sur cette orthographe. Une étude récente montre que nos écoliers sont mauvais en Maths !!! Ils passent tant de temps sur le Français que ça en arrive à détériorer notre niveau dans les autres matières !
    L’anglais étant une langue plus simple, les écoliers anglo-saxons ont bien plus de temps à passer a apprendre autre chose.
    Ça me désole.
    Merci pour ce bel article qui en ferra réfléchir plus d’un je l’espère

    1. Je te rejoint tout à fait sur cette notion de « temps perdu » sur l’orthographe… surtout actuellement alors qu’il y a tant à comprendre sur le monde, sur les enjeux environnementaux, politiques…
      De mon point de vue c’est vraiment l’expression de la domination sociale

  5. Intéressant cet article , orthophoniste (plus de 35 années de pratique) j’ai aidé nombre d’enfants à se familiariser avec notre langue et l’orthographe .Alors oui souvent mes yeux me piquent quand je lis certains articles ou commentaires, ce qui ne m’empêche pas d’en apprécier le contenu .Néanmoins l’orthographe et la sacro sainte grammaire peuvent aider à comprendre le sens d’une phrase et nombre de jeux aident nos petites têtes à se familiariser avec l’orthographe .Si on est dysorthographique la rééducation nous aidera ; mauvais en orthographe des jeux et des exercices nous la rendront plus familière . Savoir enseigner une matière conduit souvent à la faire aimer

    1. Tout ce qui concerne le sens est vraiment essentiel, et la dessus je te rejoint totalement.
      Ce que je propose aujourd’hui c’est vraiment de réfléchir à pourquoi la faute nous titille, qu’est ce qu’elle réveille en nous, quelle image elle donne de la personne qui faute?
      Et la dessus tu pourras peut être me répondre, ton ressenti m’intéresse beaucoup.

  6. J’ai regardé la vidéo, j’ai pleuré.
    Ça résonne tellement en moi. Je n avais pas des 0 mais des notes négatives ! Oui oui c’est possible ! -20 -30. L’année dernière je me suis inscrite à une formation et j’ai été mise sur liste d attente car je fais des fautes et ma syntaxe n’est pas bonne. Et au final je n ai pas été retenue. Enfin pour la session de 2020. Finalement j intègre qd même la formation mais en 2021 , et je vais devoir faire très attention à mon orthographe et travailler dur.

    1. La première fois que j’ai regardé cette vidéo j’ai été extrêmement émue, je comprends complètement.
      Tu as eu raison de persévérer pour ta formation.

  7. Moi je corrige les fautes quand j’en vois… je ne me suis jamais vu comme une madame je sais tout qui donne des leçons. Je le fais comme je préviens quelqu’un qu’il a une tache ou que son bouton est défait.
    Ca arrive à tout le monde, ce n’est pas grave mais j’aurai l’impression de me moquer  » par-derrière » si je ne lui disais pas et que je le laissais se balader comme ça
    Je me demande si c’est très clair.
    Effectivement tu fais beaucoup de fautes d’accord et parfois ca gêne ma lecture, pourquoi ne demandes tu pas de l’aide et une relecture par ton entourage ? Il n’y a rien de honteux à cela.
    Quand au temps passé à l’école il faut regarder la vérité en face : l’école française est nullissime, les enfants ne savent pas lire ou écrire leur langue maternelle, ce qui est particulièrement choquant et ils ont derniers en mathématiques et sciences…. la plupart des parents s’en plaignent. Pourtant les enseignants ne pensent qu’à leur salaire / leurs conditions de travail et cie, jamais ils ne se préoccupent de se remettre en question et de se demander comment ils pourraient améliorer le niveau
    Ce n’est pas ta faute si tu n’as pas un bon niveau en orthographe mais alors que tu as un niveau de formation correct à l’université c’est celle de l’école française.

    1. Je ne voulais pas du tout entendre que ceux qui corrigent publiquement se pensent « monsieur je sais tout »… Je voulais provoquer un questionnement sur nos automatismes.
      Quant à mon cas particulier, j’ai beaucoup essayé de me faire aider, de reprendre les règles de grammaire etc, mais en fait je n’y arrive pas… vraiment. Donc j’ai décidé d’arrêter de me torturer, et surtout de libérer de l’espace mental pour autre chose.
      Quant à la relecture, je le fais parfois mais pour tout te dire, ça embête mon chéri le soir de lire un long article qui ne l’intéresse pas forcement, et c’est son droit.
      Voilà j’ai accepté que ce n’était pas grave.
      Concernant l’école en revanche, je ne suis pas du tout d’accord avec toi. Enfin si sur le fait que le système scolaire peut s’améliorer, mais je ne pense pas que les instits ne pensent qu’à leur salaire (si leur objectif était de s’enrichir ils ne feraient pas ce job). Je pense au contraire que les enfants passent beaucoup trop longtemps sur l’orthographe au détriment de d’autres apprentissages. Après je respecte tout à fait ton point de vue que le niveau en Français décroît, mais pour moi c’est vraiment pas le plus important, ou le plus grave.

    2. Ton commentaire sur les instits est tellement généraliste ! Pffffffff…. C’est sûr que si les parents transmettent cette image des enseignants à leurs enfants, ces derniers ne vont pas avoir envie d’apprendre quoi que ce soit… Merci Debobrico de prendre notre défense….

      1. Tu vois tu écris « si les parents transmettent à leurs enfants » et pas « si les instits donnent cette image aux parents ». Exactement ce que je dis, jamais ils n’envisagent que cela puisse changer en changeant leur manière d’être et que cela puisse être de leur responsabilité
        Je trouve cela particulièrement choquant cette autosatisfaction permanente

  8. Bonjour Deborah (je ne sais jamais où mettre le h de ton prénom, on est dans le thème !),

    Merci une fois encore pour cet article passionnant. La vidéo est une merveille que je m’empresse de partager.
    Tant de souffrance autour de cette fichue orthographe…

    Mon métier consiste à écrire, réécrire, relire et corriger des textes. Pour autant, je ne pense pas qu’un texte est mauvais parce qu’il contient des « fautes ». Mais je reconnais que je le pensais jusqu’à ce que je comprenne, lors d’études de linguistique il y a 20 ans, que l’orthographe est un marqueur social majeur. En revanche, je suis très gênée par un texte mal articulé et/ou bourré de fautes qui pourraient être simplement corrigées par un correcteur ortho : je trouve important de faire l’effort d’être compréhensible facilement, si on peut le faire…

    Beaucoup voyager m’a aussi ouvert les yeux sur le langage en général et le fait que les Français ont des exigences dingues en la matière. Il leur fallait très bien parler anglais pour s’autoriser à prendre la parole en anglais par exemple, alors que des Israéliens – toujours un exemple – parlaient un anglais truffé de fautes sans complexes (et se faisaient parfaitement comprendre !).

    Partager pendant qqs années la vie d’un multi-dys a également été un bel enrichissement. J’ai pu observer comment il captait oralement une langue inconnue par exemple, là où moi j’étais spectaculairement incapable de reproduire un son que je n’avais pas lu ! Ni mieux, ni moins bien, nous étions différents et c’était passionnant !

    Aujourd’hui, maman d’un enfant dyslexique, c’est encore une autre approche. Je suis émerveillée par sa créativité et sa liberté d’écriture. Il ne voit pas les « fautes », il ose écrire et sait se faire comprendre. J’éduque son entourage à cesser de pointer les erreurs pour aller vers le sens et suis très touchée que mes parents s’ouvrent volontiers à cette vision là, qui est soutenante et enrichissante pour nous tous. Cela n’empêche pas de rappeler, le moment venu, le code commun qui régit l’orthographe des mots. Mais on n’en fait pas un fromage !

    1. Merci pour ce témoignage passionnant!
      Ton expérience est vraiment intéressante, merci de l’avoir partagée
      Ah et c’est DeboHra… j’étais prédestinée à ne pas suivre les règles de la langue française apparemment!

  9. tu as ouvert un vaste débat! je suis de celles/ceux qui sans vouloir scruter les fautes, les voient et leur sautent aux yeux..je suis désolée d’écrire cela, mais par exemple dans ton texte (si juste), j’ai vu des fautes, mais cela ne m’a pas arrêtée dans la lecture (je privilégie dans ton texte le fond) ..ce sont des fautes de grammaire, et je ne te jette pas la pierre, j’en fais aussi, car les cours de français sont loin derrière moi. Mais je suis de la génération de tes parents, et à mon époque, le français écrit sans faute était primordial, de plus mon père était instit (grosse pression), et j’ai du toute mon enfance, m’enfoncer les règles d’orthographe et de grammaire dans la tête. Heureusement à notre époque, les correcteurs existent..et j’en abuse!😉
    je vais regarder à tête reposée le film, et et dirai ce que j’en pense..
    bon We

  10. Bonjour,
    je suis une ayatollah de l ‘orthographe et très franchement, même si mon aîné est dyslexique et même si la langue française est complexe, j’insiste pour que mon fils fasse le moins de fautes possibles. Pourquoi?
    Je suis prof de langues anglaise, j’ai, notamment, des élèves de terminales que je dois entraîner à une épreuve de restitution qu’ils écrivent en français. Quand je ne les comprends pas, car accumulation d’erreurs de français – orthographe, lexique, ponctuation voire de graphie, je sanctionne. mes collègues d ‘espagnol font de même . Je n’humilie jamais mes élèves pour la bonne et simple raison que je considère qu’à l’école, on a le droit à l’erreur et de toute façon cest contre – productif d’humilier.  » Tu peux le faire » et  » tu vas y arriver » sont des mots que je leur répète à longueur de temps et qu’ils n’intègrent pas forcément. Contrairement aux sarcasmes que l’on peut faire pour les réveiller de leur torpeur intellectuelle.

    bonne journée,

    une fidèle lectrice
    Pour en avoir beaucoup parler avec mes collègues de Lettres Modernes, il faut être ambitieux pour nos élèves pour les aider à être rigoureux voire : la bienveillance dont on nous martèle engendre la malveillance. En effet, on accepte que certains apprentissages soient décalés. Les institutrices ont fort à faire et mon dieu, les enseignants du premier degré font un boulot de dingue. Au collège, les cours de grammaire et de conjugaison sont fondamentaux. Mais au lycée, nous n’avons pas le temps de nous appesantir sur la langue mais bien étudier des textes. Comment être intelligible en philo, en histoire / géo, en géopolitiques si on écrit mal dans sa langue maternelle?

    Quant au monde du travail, certains collègues font des erreurs dans les bulletins trimestriels. Lors des conseils de classe, nous les corrigeons collégialement car les parents d’élèves font remonter, de manière très agressive, les coquilles des collègues au proviseur…
    Un de mes amis nous a raconté qu’il avait été humilié sur l’open space de son entreprise par son employeur car les clients avaient déploré les mails truffés d’erreurs.
    On n’est pas une mauvaise personne quand on fait des erreurs d’orthographe mais la compétition est rude et l’orthographe est un critère d’excellence.

  11. J’ai été élevée à l’orthographe. J’aime l’orthographe, j’aime réfléchir à l’étymologie pour trouver l’écriture correcte d’un mot, j’aime réfléchir aux terminaisons, aux accords, peut-être parce que c’est un domaine où je ne suis pas mauvaise. Pour autant, je ne suis pas parfaite, je fais aussi des erreurs (plutôt que des fautes), surtout quand j’utilise un clavier, moins quand j’écris à la main.
    Jusqu’à l’avènement d’internet, la prolifération des blogs et des forums, je ne m’étais jamais questionnée au sujet de l’orthographe, parce qu’on est somme toute peu confrontés aux écrits d’autrui dans notre vie quotidienne. Avec internet, j’ai eu parfois beaucoup de mal à comprendre ce que les gens écrivaient, parce que pour moi, l’orthographe aide au sens, et je comprends le sens d’un texte aussi grâce à l’écriture correcte des mots, des terminaisons, des accords. J’avoue que j’ai parfois abandonné la lecture d’un texte parce que son a-orthographie était trop compliquée pour moi à traduire, à comprendre, et que c’était trop fatigant d’accéder au sens.
    Mon compagnon est dys-orthographique. Ça a été très très compliqué au début, de lire ses lettre d’amour. Mais j’ai passé outre pour lui. Il me demande toujours de relire ses écrits professionnels, et je lui demande de relire les miens, parce que je sais qu’il peut m’apporter autre chose que l’orthographe.
    Malgré tout, pour moi, l’orthographe est une norme, indispensable dans le monde professionnel. Je sais que je suis dure de dire ça, mais recevoir un CV ou une lettre de motivation bourrés d’erreurs, aussi intéressant le profil soit-il, c’est ne pas avoir pris le temps de faire relire à d’autres pour corriger. Faire cette démarche de relecture, c’est montrer aussi qu’on est prêt à faire des efforts et à s’adapter pour quelque chose (en l’occurence, un boulot que l’on aimerait décrocher) qui nous motive. Par contre, dans la vie privée, il n’y a pas de pression.
    Je suis maîtresse en grande section. Tous les ans, certains élèves commencent à écrire des mots. C’est uniquement phonétique, il n’y a aucune pression d’orthographe, ce n’est pas l’objectif. Et pourtant, quand on apprend à écrire des mots (Noël, sapin, cadeaux, pour être dans le thème), on en apprend l’orthographe, et les enfants mémorisent une norme.
    Ma fille est en CP, quand elle m’écrit des mots doux, c’est de la phonétique, et je ne la reprends jamais sur son orthographe. Malgré tout, en classe, elle a un panel de mots-outils qu’elle connait par coeur dans la bonne orthographe.
    Alors peut-être faut-il nuancer, entre orthographe, terminaisons, accords, conjugaison… qui ne relèvent pas des mêmes démarches intellectuelles, certaines erreurs peuvent être évitées grâce au correcteur orthographique, d’autres par un retour sur ce qu’on écrit, d’autres sont peut-être plus compliquées à appréhender (je ne sais pas, je m’interroge, je ne suis pas spécialiste).
    Mais en ce qui te concerne, tes erreurs sont minimes et ne perturbent en rien la compréhension de tes écrits, et même si je repère tes erreurs, je ne les relève pas, parce que ce n’est pas le sujet.
    Je te souhaite une belle soirée (et les erreurs dans mon texte – parce qu’il y en a sûrement bien que je me sois relue – c’est cadeau 😉 )

  12. Merci pour cet article qui encore une fois m’ouvre des pistes de réflexion. Je ne m’étais jamais interrogée sur ce sujet qui pourtant touche beaucoup de monde.
    Encore merci pour ce partage !

  13. Je lis tes textes avec plaisir et interêt, je ne voie pas tes erreurs car j’en fais beaucoup, il faut que l’orthographe d’un mot ou une tournure de phrase ne soit pas claire pour que je « marque le pas ».
    J’avais choisi une profession où je n’avais pas à faire de texte – juste des lettres types –
    Par contre à l’oral pas de pb, j’aime m’exprimer et échanger des idées. Dans ton lectorat il y a des personnes très pointues avant je me serai sentie toute médiocre mais aujourd’hui je sais que j’ai des capacités que sans doutes qu’elles ne possèdent pas donc j’ai aussi ma valeur. La richesse d’une société c’est la diversité et apporter notre brique à l’édifice. Ce n’est ni bien ni mal juste différent.
    J’aime : il n’y a aucun grammairien à l’Académie Française. C’est pour moi juste des hochets de la gloire bien dépassés dans le monde actuel.
    Bonne continuation – avec où sans FOTES !!!!!

  14. Un texte passionnant et engagé…
    Et pourtant, dans mon métier d’orthophoniste je continuerai à me battre pour inculquer autant que possible les règles de l’orthographe. Parce que bien sûr la plupart des erreurs sont anodines et acceptables. Mais il faut un minimum de code commun pour se faire comprendre, ce à quoi les grandes dysorthographies ne donnent pas toujours accès .
    En parallèle, je milite pour qu’on laisse les enfants utiliser les formidables outils de compensation qui existent aujourd’hui…

  15. Je lis régulièrement votre blog avec plaisir et si j’ai effectivement remarqué quelques « fautes » dans vos textes : cela n’a jamais empêché la compréhension et le partage. Et le plaisir de revenir !
    Je me dis que chacun à un parcours différent et que de toute façon, personne n’a le même niveau que ce soit en orthographe, en math, en philo, etc… Ou aussi bien en pâtisserie, en bricolage, en danse, etc…
    Par contre, comme isavoyage : je suis gênée par un texte incompréhensible car bourré de fautes et/ou mal articulé. D’autant plus dans un cadre professionnel.
    Je trouve important de faire l’effort d’être compréhensible par/pour l’autre.
    Surtout qu’il existe des outils à notre disposition comme le correcteur d’orthographe (c’est le cas d’ailleurs dans cet onglet commentaire :o)
    Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année.

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