Cette question, il n’y a rien à faire elle me tétanise. S’il y a bien encore une facette de ma vie où je n’ai pas réussi à m’émanciper du regard et du jugements (hypothétique ou non) des autres, c’est bien l’aspect professionnel.
Cela dit, si on y réfléchi bien, pourquoi à la question « qu’est ce que tu fais dans la vie? » doit-on forcement parler de travail? Pourquoi est ce le travail qui devrait résumer ce que l’on fait dans et de sa vie?
A cette question ça serait chouette de pouvoir répondre « je suis maman de trois petits bourgeons que j’aide à grandir », « je suis écolo et féministe, et cela me donne l’impression d’œuvrer pour le monde de demain » ou juste « je rêve et je crée »..
Mais en réalité la seule réponse que l’on attend à cette question est une profession. Pourquoi? Souvent, pour avoir une idée précise de notre place dans l’échelle de la réussite sociale. Cette question, elle me renvoi toujours à mes 23 ans, à ce moment si flou entre la fin de mes études et mon premier vrai emploi. Ce moment très particulier où je n’étais plus étudiante, pas salariée et même pas au chômage … ce moment où je n’étais rien au yeux de la société.
Le monde du travail c’est vraiment le lieu où je ressens un énorme syndrome de l’imposteur… encore aujourd’hui.
J’ai pourtant cette chance immense, ce luxe même, d’exercer un métier qui me plait, qui fait sens, un métier passion qui resonne en moi. Mais pour beaucoup, photographe c’est justement plus une passion qu’un métier. Et puis, au yeux du monde les métiers artistiques sont peu reconnus, moqués, mal payés… Et puis juste, s’assumer et s’affirmer « artiste » c’est un défi sacrement lourd dans notre société. La crise sanitaire que nous traversons décuple cette impression de métier inutile.
Depuis un an, j’ai été malmenée dans l’exercice de ma profession… vraiment. J’ai du m’adapter, me réinventer au delà du raisonnable et surtout j’ai du subir des annulations de séances et de mariages sans aides financières.
Malgré tout j’aime toujours autant la photo, et à aucun moment je n’ai pensé arrêter. J’ai même plein de projet et d’espoir pour mon activité. J’ai par exemple décider, d’enfin croire en moi pour réaliser des reportages de naissances.
Mais depuis quelques temps, un mois précisément, j’ai l’impression d’avoir pris une énorme respiration: j’ai un nouveau travail… en plus. Et cerise sur la gâteau, un travail qui me plait énormément et qui fait tout autant sens pour moi, un poste d’intendance et de coordination en maison de naissance.
C’est en commençant ce nouveau poste que j’ai mesuré à quel point j’avais été éprouvée professionnellement depuis un an…à quel point j’avais souffert et je m’étais obligé à planquer toute cette inquiétude, cette fatigue et cette tristesse sous un gros tapis sans jamais les regarder en face.
Alors aujourd’hui, j’ai envie d’apprendre à répondre fièrement à la question « qu’est ce que tu fais dans la vie? «
Désormais je répondrais avec enthousiasme
« Je suis maman de trois beaux enfants, je crée des images qui font de merveilleux souvenirs pour mes clients et pour nous-même, et je fais avec tout mon cœur. J’aide au bon fonctionnement d’une maison de naissance, et y cordonne des évènements. Je suis aussi présidente du collectif des maisons de naissance françaises. Je tiens un blog où je me livre et échange sur la parentalité, l’écologie, le voyage, le féminisme… Et très bientôt par ce que j’y crois fort, je réaliserais en plus des reportages de naissance. Tout ça ne me rend ni riche ni puissante, mais indépendante et heureuse. »
Ok c’est vraiment trop long… peut être vais-je devoir apprendre à synthétiser tout ça, mais en même temps c’est une sacrée question, ça mérite une belle réponse, non?
Bonjour Déborah,
Surtout continue à faire ce que tu fais : cela compte énormément, pour toi, et ton entourage : que tu sois épanouie !!!
Tu es heureuse alors poursuis ! Tu fais le bonheur de plein de gens ! N’est-ce pas ce que tout le monde souhaiterait faire dans la vie ?
Belle journée !
Oh c’est tellement gentil ce message.
Magnifique réponse finale !!
Je suis d’accord avec vous, cette question de ce qu’on fait dans la vie créé toujours en moi une micro panique de donner une réponse plate, fade, alors que ma vie ne l’est pas !! Et cette culpabilité… Hier soir encore j’ai eu un conflit interne : si je me pose la question de ce que je souhaite pour les temps à venir ce serait de mettre au monde un troisième enfant… Une fois cette pensée formulée je ne peux m’empêcher de m’autoflageller « donc mon projet c’est d’exister au travers de mes enfants ? Je devrais mieux me reconvertir, me lancer dans des formations, me créer une nouvelle hygiène de vie… « … Et pourtant ce que je veux faire dans ma vie actuelle c’est aggrandir la fratrie, la famille… Accompagner ce petit monde dans son développement… Pourquoi se l’interdir pour répondre à des injonctions bien ancrées ? J’ai encore du mal à me faire confiance et pour cela merci pour cet article…
Il faudrait vraiment apprendre à mieux et plus s’écouter.
Et agrandir sa famille c’est un sacré beau projet!
Pour ma part je suis fonctionnaire et en télétravail, vous imaginez le cliché ! Je peux bien m’occuper des enfants du coup… Quand même.. je passe mon temps à la maison, bon.. accessoirement je bosse un peu mais quand même… Si si je vous assure..je suis persuadée que certains le pensent alors que je ne chôme pas, entre les enfants, la maison et le travail
Certains métiers sont tellement caricaturés et mal reconnu c’est vraiment dommage…
Bonjour! Si j’étais photographe, comme toi, je serais super fière et je crois que je me la pêterais un peu!! Pourquoi t’arrêter sur ces préjugés que les gens pourraient avoir vis-à-vis de ta profession de photographe ? Je pense au contraire que c’est super original et incite à poser d’autres questions de la part de la personne qui te demande ce que tu fais dans la vie. En tout cas, bon courage pour toutes tes casquettes, pro et perso!
Cela prouve bien que le problème ce n’est pas mon métier mais moi… le regard que j’ai sur moi.
Finalement c’est une chance, je ne me suis pas trompée de voie, je me suis juste trompée sur la valeur de mon travail.
Tes expériences persos, pros, de loisirs, d’engagement finissent par se relier sans être parasite l’une de l’autre, il faut y voir un cheminement logique.
Perso, aucune fiche de paie depuis juillet 2011 et zéro souci avec ça. Ceux qui se tracassent pour ma situation (dépendance financière, crainte pour la retraite, peur de l’ennui – la blague ! – ) sont à mille lieues de me connaître et me comprendre.
Quand tous nos centres d’intérêt convergent vers une situation c’est qu’on a trouvé la bonne
Encore une fois les mots sont justes (merci). Tu nous pousse toujours plus dans la réflection.
Je partage ton avis, parce que j’ai toujours une gêne à dire quel est mon métier, qui n’a pourtant rien de honteux mais effectivement ça te catalogue (as tu fais des études, gagne tu beaucoup d’argent, etc…). A bientôt 34 ans et en pleins questionnement sur mon avenir professionnel j’aimerais que mon travail sois plus proche de ma phylosophie de vie… Pour viser comme tu le dis l’indépendance et le bonheur !
oui c’est vraiment ce truc de mettre les gens dans des cases, de sonder leur pouvoir, leurs revenus.. c’est vraiment dommage, car nous sommes plus que nos métiers.
Excellente question et excellent article, tu as oublié que tu es blogueuse en plus de tout ça. Ici je gère mes 3 enfants dont un bébé et deux en ief et je suis aussi conjoint collaborative pour mon mari artisan et je m’occupe de la location saisonnière d’un studio. Je n’aime pas cette question parce qu’elle met les gens dans des cases mais j’avoue que le formatage, l’habitude …font que je la pose. Et pourtant mon entourage est de plus en plus composé de gens aux multiples facettes qui ne se résument pas à un métier.
Ah mais oui il faut absolument que je rajoute que je suis blogueuse… depuis 9 ans, ça commence à compter 😉
Bravo à toi pour tes différentes casquettes.
Je ne suis pas dérangée par cette question car ne pars pas du principe que la personne en face la pose pour juger ou cataloguer sur l’échelle sociale, mais plus pour en connaître davantage sur son interlocuteur, savoir ce qui occupe ses journées, s’il est épanoui dans ce qu’il fait, peu importe qu’il soit parent au foyer, PDG d’entreprise, artisan ou employé administratif.
Je travaille dans une fonction très méconnue et difficile à expliquer, mes propre parents n’ont toujours pas compris ce que je faisais, donc à cette question très peu de personnes comprennent ma réponse, mais je ne lis pas de jugement dans leur réaction, je vois qu’ils ne comprennent pas spécialement mais ils s’intéressent du coup à l’entreprise pour laquelle je travaille qui elle est très connue. C’est à mes yeux juste une question pour ouvrir la conversation, il n’y a souvent pas de mauvais sentiments derrière.
Merci Debo pour ce billet. Le syndrome de l’imposteur quand on est artiste c’est un grand sujet. J’y retrouve d’ailleurs des points communs avec les questions quand on est maman free lance. Marre de ces cases où on veut nous ranger
Quelle réflexion intéressante ! vous savez, moi j’aime cette question (je la traduis vraiment comme un signe d’intérêt) mais je crois comprendre dans votre article que vous ne remettez pas en cause la question mais votre propre pression sur la réponse (et votre propre pression ne nait pas de nulle part mais d’une réelle pression plus ou moins conscientisée de la « société ») et bon sang que ça fait du bien de vous lire fière de toutes vos casquettes ! ça permet de casser l’engrenage de cette pression diffuse … merci ! grâce à plein de situations et de personnes différentes dont les blogueuses comme vous font partie, j’ai moi-même évolué sur des schémas que je ne pensais même pas avoir intériorisé !! Ne serait-ce que sur la place et la valeur du travail quotidien et familial que je lis dans vos commentaires, j’espère que je saurai moi aussi ajouter des casquettes et en être fière si je suis du côté de celui qui répond mais j’ai aussi envie de me rappeler de votre article si je dois poser la question, en invitant si je m’y sens autorisée les gens à y répondre largement et sans gêne ! Et puis…. je vais essayer d’y penser aussi si je formule cette banale question aux enfants « qu’est ce que tu veux faire quand tu seras grand ? La question est tout à fait valable, mais elle mérite d’être pesée pour éviter d’être réductrice ! Bonne journée …. chargée ! Je vous souhaite de continuer à porter fièrement vos casquettes mais aussi à avoir la possibilité de les poser de temps en temps pour vous reposer 🙂
Question super intéressante! Moi j’ai tendance à répondre différemment suivant mon interlocuteur (pour éviter la réponse à rallonge justement!)
Dans le cadre pro je vais donner mon poste pro
Dans le cadre associatif plutôt mes engagements
dans un cadre autour de la parentalité le nombre d’enfants et mon investissement sur ce sujet
Bref ca permet de donner une réponse qui interesse vraiment mon interlocuteur…
Bonjour
Peut-être serez vous intéressée par la découverte du magazine Grandir Autrement, sur la parentalité proximale, le respect des naissances, l’écologie.
Belle journée
oui je connais, j’aime beaucoup
Bonjour,
Mon mari a lu un de vos post et me les a partagé.
Je ne me suis jamais inscrite dans aucun site pour laisser des commentaires mais a vrai dire là je suis bluffé.
Tout vos conseils sont super.
Votre façon de vivre et de voir les choses sont super.
Bravo et merci 🤩
Merci d’avoir pris le temps de me laisser ce message qui me touche énormément.
Le magazine Grandir autrement a fait suivre votre interview du podcast Bliss sur les maisons de naissance
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10159215629166271&id=209547041270&__tn__=%2As%2As-R
Il est d’utilité publique de pouvoir accoucher autrement