Vers l’indépendance alimentaire: Les semences paysannes

Vous avez été nombreux à demander comment faire des semis et quels en étaient les avantages.

Semis ou plants ?

Du coup, on va essayer d’expliquer ce qu’il en est, le pourquoi du comment et surtout quels sont les avantages des semis.

Lorsque l’on va dans les jardineries traditionnelles, on trouve des plants tout prêts et la plupart du temps ils conviennent à tout le monde. Il n’y a plus qu’à les repiquer, ils permettent d’avoir de belles plantes productives sans efforts et pile à la bonne période.

Aujourd’hui, on aurait même vite tendance à oublier que toutes les plantes proviennent à l’origine… d’une graine… C’est sûr, ça demande un peu plus de patience et de travail, et c’est probablement ce qui a tendance à dégoûter le commun des jardiniers.

D’un autre côte, il ne faut pas oublier que les plans de jardineries sont pour la plupart issus de semences dites « hybrides » (en général on remarque sur l’étiquettes la mention F1 ou HF). Ces plantes ont été croisées naturellement puis sélectionnées selon des critères de résistance et de productivité. Ce ne sont pas des OGM et donc elles ne sont pas particulièrement dangereuses niveau consommation mais on un inconvénient indéniable : les hybrides sont stériles et on ne pourra absolument pas resemer leurs graines qui ne donneront pas des plans de bonne qualité. On devra donc racheter de nouveaux plans l’année suivante….

C’est pour cela que nous avons choisi les semis pour notre part. Et plus particulièrement les semences paysannes.

Les semences paysannes, c’est quoi ?

Aujourd’hui, le marché des semences est très juteux pour les grands noms de l’agronomie. Pour la bonne et simple raison que seules certaines semences sont autorisées à la vente. Ces semences sont autorisées par les autorités agricoles des pays (pour la France, c’est l’UE qui décide) et sont, pour la plupart… des hybrides… (oui même les graines achetées en jardineries bio) De ce fait, l’agriculteur ou le petit jardinier qui chercherait à gagner en autonomie et à produire ces légumes, se verrait obligé de racheter des semences tous les ans si il respectait cette autorisation !! Sans compter que les légumes hybrides sont gros, poussent vite, mais sont souvent insipides et beaucoup moins variés en terme de couleurs/saveur.

A l’époque où les lobbies agroalimentaires n’existaient pas encore, nos grands parents avaient bien compris que les semences représentaient une grand richesse et certains ont contribués à faire perdurer cette richesse. C’est le cas de l’association Kokopelli, qui contribue à l’expansion des semences paysannes. Il n’en reste pas moins que l’association vend les graines (ce qui est interdit, donc) et participe donc à ce commerce d’une certaine manière. Mais nous verrons plus tard qu’acheter un sachet de graines à 3.50 € peut vite s’avérer rentable.

Les variétés sont beaucoup plus variées dans les semences paysannes et on peut y trouver des tomates de toutes les couleurs, des légumes géants ou miniatures, même des plantes médicinales. L’intérêt c’est qu’en dehors de toute hybridation les semences sont réutilisables d’une année sur l’autre, pour peu que l’on prenne la peine de laisser les fleurs se développer, être fécondée et que l’on ramasse les graines. Pour les aromatiques ou certaines plantes particulières, c’est compliqué, mais pour d’autres (entre autres tomates, courgettes, melon…) c’est un jeu d’enfant.

Et comment fait-on ?

Pour les semis, rien de plus simple. On a testé plusieurs méthodes et la plus efficace semble malheureusement bien être le petit godet en plastique (pour son étanchéité)… Par contre, on pourra les recycler d’une année sur l’autre. On peut également faire de la récup en allant dans les jardineries récupérer les godets qui devaient être jetés.

Nous avons également testé les boites d’œufs mais les semis sèchent trop rapidement et ce n’est finalement pas très efficace.

Pour un semi efficace, il faudra s’adapter à la plante. Une salade se développera par temps frais, tout comme des épinards, mais pour les
plantes d’été (tomates/courgettes/courges/melons…), la température aura une importance. L’idéal serait de maintenir une température de 20 à 25 °C. Du coup, pour avoir de belles tomates en Juillet, il faudra commencer à semer chez soi (ou sous châssis en verre) au mois de Mars.

Pour le substrat. 30 % de terreau, 30 % compost et 30 % sable, c’est pas mal. On rappera un morceau de charbon sur le dessus du pot pour éviter les maladies des semis (champignons). On remplit le contenant en plastique et on plante la graine sans l’enfoncer de trop (pas plus de 3 fois la taille de la graine). On arrose abondamment et on maintient humide jusqu’à la levée.

Une fois le semi levé, on hésite pas à le placer à la lumière pour favoriser sa croissance et on arrose assez peu. On hésitera pas à rempoter dans un pot plus grand dès que les plans paraîtront plus solides.

Quand les plants ont 4 vraies feuilles, on pourra repiquer. Pour les tomates, on pourra attendre un peu plus et les laisser grandir au chaud.

Et voilà, vous aurez bientôt de vrais beaux légumes, renouvelable à l’infini et de bien meilleure qualité que ce que l’on trouve dans le commerce.

Dernier conseil, n’hésitez pas à semer en grande quantité. Déjà parce que la génétique n’est pas miraculeuse et de ce fait, les plants paysans ne sont pas tous grands et forts. Du coup, il faudra sélectionner les plus beaux. mais aussi, parce que le principe, c’est le partage, donc n’hésitez pas à les donner, à partager les graines ! Les jardins partagés sont idéaux pour augmenter sa collection de graines.

13 réflexions au sujet de « Vers l’indépendance alimentaire: Les semences paysannes »

  1. Bravo Jérôme pour ce bel article.
    C’est tout à fait çà.
    Ici aussi mon homme tout au long de l’année il fait ses petits plans dans des godets, puis les repique dans des petits pots et enfin en plein terre. C’est ses bébés comme il dit.
    Bien sur, comme beaucoup de jardinier il en fait plus pour le au cas ou et l’on peut parfois se retrouver avec une cinquantaine de pieds de tomates ou une dizaine de pieds de courgettes alors que notre famille se compose de nous deux et de ma fille de 5 ans. Alors on donne aux voisins et amis qui sont ravis
    Quel plaisir d’avoir son potager, le goût n’est vraiment pas le même que dans le commerce.
    En plus nous avons la chance d’avoir un puits pour faire notre arrosage.
    Reste plus qu’a attendre patiemment que tout ce petit monde nous fasse une bonne récolte afin de préparer les conserves ou autre pour le hors saison
    Bon courage

  2. Whaou super article, c’est passionnant. C’est aussi une envie très forte que l’on a mais je n’ai aucune expérience du jardin. Alors comme souvent on absorbe les infos théoriques, les astuces de chacun et quand tout cela sera mûr on se lancera 😊 !

  3. un article qui me plait beaucoup, parce que tu mets à l’honneur les semis maison!
    je sème mes tomates depuis des années et des années, à partir de mes graines de tomates anciennes (pas d’hybride bien sûr), je récolte les graines à partir d’une belle tomate bien mûre en été ( si tu veux j’ai fait plusieurs articles sur mon blog, ça s’appelle la saga des tomates, j’explique bien comment je procède).
    J’ai une quinzaines de variétés anciennes, et elles sont délicieuses. Je n’achète plus de graines de tomates (je troque parfois avec des amies), et je fais suffisamment de plants pour en offrir à mes amis, qui apprécient beaucoup! Je pourrai t’envoyer des graines de tomates en automne, ça sera avec plaisir! Il suffit que tu me le dises!
    Par contre, j’achète mes graines de courges/courgettes, parce que il y a hybridation entre les plants dans mon potager, et les graines récoltées ne donnent pas la même descendance. Chez Kokopelli, la ferme Sainte Marthe..bio bien sûr.
    Je vous souhaite plein de bons légumes en été, et de bonnes salades!
    bonne journée
    deux des articles, tu peux aussi remonter aux autres :
    https://côtéterres.com/blog/la-saga-des-tomates-part-4/
    https://côtéterres.com/blog/la-saga-des-tomates-part-5/

  4. Ha mais voilà un article qui fait écho en moi puisque je parle également permaculture sur mon blog ! De fait, j’ai la chance d’habiter dans le même village que Jacky Mercier; l’autre Baron de la Tomate, après celui de la Bourdaisière, et donc de rencontrer Xavier Mathias, ami fidèle de Jacky, chaque année, à l’occasion d’une journée spéciale chez Jacky ! Du coup, cela fait des années que je cultive chaque année mes légumes certes, mais en plus, je découvre de nombreuses variétés …que je partage avec ma communauté, et avec mes amis. Plus de 50 variétés de tomates à ce jour, toutes plus délicieuses les unes que les autres, et de toutes les couleurs, de toutes les formes : c’est que l’on devient vite « addict » ! Idem pour les potiron/courges ! Faire ses semis est un pur plaisir, avec parfois quelques déconvenues…mais rien de méchant. Pour ce qui est du charbon, c’est surtout pour éviter la fonte des semis 😉 J’avoue ne jamais le faire…même si je sais que cela peut être utile ! D’ailleurs, demain, sur le blog, je vous invite au jardin également ! Merci beaucoup pour cet article très intéressant car il est bon de voir que nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre que rien ne vaudra jamais le goût de nos légumes ! 🙂 Bravo ! Bisou et bonne journée à la petite famille 🙂 Nathalie

  5. Bonjour,
    Un article très intéressant, merci. Ici aussi, on a fait nos semis, mais avec des graines bio trouvées en jardinerie.
    Je connaissais le problème des graines F1 mais je n’ai pas passé le cap d’acheter des semences potagères chez kokopelli.
    Je sais qu’on a de moins en moins de graines accessibles , après en tant que particulier on peut cultiver des graines qui ne sont pas au journal officiel mais pas les vendre ou vendre les légumes. Donc je vais aller voir sur le site que vous conseiller. Merci à vous.

  6. Merci pour cet article très intéressant. Il y a une telle diversité dans les semences paysannes que je ne peux pas m’empêcher dans commander chaque année, même si je récupère mes propres graines.
    D’ailleurs l’avantage de récolter ses graines chaque année c’est qu’on produit des plantes qui s’adapte à à sa terre et à son climat petit à petit.
    Cette année les semis ont tellement bien marché que j’en ai donné à mes voisins. J’en fais toujours plus, d’une part on n’ est jamais sur de la réussite à 100% et surtout une fois replanté on a toujours le risque limace 😠.
    On trouve finalement plusieurs producteurs de semences paysannes. Je suis passée par graine d’El pays cette fois ci.
    Belle journée
    Christelle

  7. Merci pour toutes ces précisions ! Je ne savais pas du tout que les plants achetés donnaient des graines stériles… Quelle aberration… Moi je ne suis pas très forte en semis, je rate presque chaque année ! Je suivrai tes conseils la prochaine fois.

  8. Ma fille utilise les graines de chez Kokopelli depuis 2 ans et nous avons de beaux plants. Nous gardons les graines qui peuvent être récupérées d’une année sur l’autre et ça marche très bien. C’est beaucoup de travail chaque saison, mais quelle récompense.

    Merci pour ce bel article

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