On tous grandi en pensant être timide/ extravertie/ doué en maths ou casanier…. Ce sont des choses que l’on a entendu, souvent plusieurs fois, ce sont des choses qui étaient sans doute vraies à un instant, qui le sont peut-être toujours d’ailleurs. Mais ce sont aussi des choses auxquelles on s’est cantonnées, qui nous ont probablement agacées mais rassurées car c’est rassurant de savoir comment on est, de savoir dans quelle case on se range, où on situe par rapport aux autres.
Pourtant on change, on grandi, on vieilli et forcée de constater qu’on déborde souvent des cases dans lesquelles nous étions enfermées. Parfois on n’ose pas, parfois on le fait sans s’en rendre compte, on continue de se dire « timide » alors qu’on fait des conférences devant des milliers de personnes.
J’ai grandis en étant timide, rêveuse et peu souriante, puis je sans m’en rendre compte, des années plus tard, j’ai été sociable, le clown de la classe toujours en train de rire. J’ai été dernière de ma classe au CE2 et première de ma classe en CM2. J’ai eu 2/20 en maths en 4eme et 19/20 dans la même matière au bac. J’ai été seule, puis j’ai eu des amies, j’ai été nulle en sport, puis j’ai vécu des années entières juste pour faire du snowboard. Bien sur il y a quelques constantes dans ma vie heureusement, comme le gout de l’art, le plaisir du visuel, le besoin de solitude, la nécessité d’être aimée.
Mais je pense être comme beaucoup d’entre vous, un être qui évolue, qui se confronte à ses limites et les repousse. Est ce que aujourd’hui je me décrirais encore comme timide? Probablement pas. Est ce que je me considère toujours nulle en maths? Surement que oui. Est ce que ces cases nous brident? evidemment. Mais est ce qu’elles nous aident à se construire? Je pense que oui.
Je me rends compte avec mes enfants que c’est impossible de ne pas les définir, de ne pas verbaliser leurs qualités et leurs défauts. J’ai arrêté de me torturer à penser que c’était mal de leur dire qu’ils étaient « sensibles », ou « rêveurs »… c’est la vérité, c’est la vérité d’aujourd’hui, qui ne sera pas celle de demain. Je m’efforce juste à construire de tout petits murets enjambables autour de ces cases plutôt que des murailles infranchissables.
Il faut bien se définir, il n’y a pas de mal à dire à haute voix « j’aime voyager »ou « je suis fêtard ». Par contre, je crois qu’en vieillissant c’est important de s’autoriser à questionner ces évidences, celles qu’on nous a imposées et celles qu’on s’est imposées et à les ré actualiser au besoin.
Je me rends compte que je le fais de plus en plus facilement. Par exemple je me suis longtemps obligée à aller toujours en vacances dans un endroit different car comme « j’aime voyager », pour être legitime je me sentais obligé de faire grossir le nombre de lieux cochés… Et puis je me suis rendue compte que c’etait une injonction que je m’etais fixée à cause de cette case dans laquelle je voulais entrer. Aujourd’hui je ne me sens plus obligée de cocher des destinations et si aux yeux des autres je ne rentre plus dans la case des voyageurs, je ne m’en sens plus vexée.
Avant, je m’obligeais à acheter des vêtements, car j’avais trop envie d’entrer dans la case des filles qui ont leur style à elles… Et puis, j’ai arrêté. Tant pis, de toute façon je n’ai jamais pu entrer dans celle-ci de case.
Je me suis toujours dit que je n’étais pas maternante ou maternelle, que je n’étais pas cette maman douce que j’enviais en secret… pourtant à bien y regarder je le suis et aujourd’hui j’arrive à l’assumer.
Il y a des cases plus tenaces, notamment au niveau professionnel, je me sens trop souvent enfermée dans celle de l’imposteur, je vois systématiquement mes projets en petit et j’ai du mal à aller au bout, à y croire, à donner de l’ampleur à mes idées. C’est dommage, j’aimerais bien changer.
Il y a la case « nulle en langues étrangères » ou « nulle en informatique » qui me rassurent comme des doudous et desquelles je n’arrive pas à m’échapper.
Je ne suis plus la Debohra timide, je ne suis plus la Debohra snowboardeuse, je ne suis plus la baba cool de la fac, je ne suis plus la maman débutante, je ne suis plus la même qu’il y a 10 ans. Et si on change, que reste -il de nous? Qui sommes nous? Je crois que c’est cela qui nous terranise et nous empeche de sortir de notre zone de confort. Qu’est ce qui nous défini si tout est en mouvement en nous? Est ce que nous ne cherchons pas à rester dans nos petites cases pour continuer à se faire aimer de ceux qui nous apprecient comme ça?
C’est une trés jolie réflexion que tu nous proposes aujourd’hui.
Les cases, celles dans lesquelles j’entrais et celles auxquelles je rêvais, m’ont obsédé durant toute mon adolescence.
Aujourd’hui, à 34 ans passé, maman de deux enfants, je me sens beaucoup plus libre !
Mais comme toi, il y a des étiquettes que j’aime, et qui même si elles m’emprisonnent, je ne veux pas les lacher. Et c’est surtout vrai dans le monde professionnel.
Au niveau perso, j’ai fait une grosse dépression il y a 6 ans. Ca m’a profondément remué et le plus grand apprentissage a été que la vie n’est jamais figée, jamais prévisible, et que l’accepter permet d’être beaucoup plus serein ! Alors ce que tu dis aujourd’hui sur notre évolution constante, ça me parle bien !
Enfin, pour mes enfants, je me suis aperçue avec horreur cet été que j’étais cette mère qui compare tout le temps son fils à son ainée. (Ils ont 3 ans et un jour d’écart, difficile de ne pas constater les évolutions au même âge !). J’essaie maintenant de ne pas juger, de souligner toujours les points positifs lorsque je me surprends à les comparer. Mais j’ai sans doute un peu de boulot à faire de ce coté là !!!!
Bonne rentrée à tes enfants.
ici aussi on se surprend parfois à comparer, surtout mon chéri qui le fait même sans s’en rendre compte
Très interessante réflexion ! On change, on grandit. Et je pense que les personnes qui nous aiment grandissent avec nous…
j’espère oui
C’est très vrai ! Ces cases nous enferment si ce sont des injonctions. Mais c’est intéressant ce que tu dis : on ne peut pas ne pas faire remarquer à nos enfants leurs qualités, l’important est de leur laisser la porte ouverte pour qu’ils puissent explorer où bon leur semble.
c’est ça: laisser la porte ouverte, la possibilité de changer
Merci pour cette réflexion qui me parle beaucoup, c’est vrai que c’est intéressant de remettre de temps en temps en question les croyances que l’on a sur nous-mêmes et de les réinterroger.
Est-ce que je suis réellement la personne que je pense être si je considère avec recul et objectivité ? Mais je pense en effet que ça doit aller de pair avec un processus d’acceptation de soi et de bienveillance envers soi-même pour aboutir à quelque chose de positif 🙂
Je suis complètement d’accord avec toi, il faut trouver une certaine paix avec soi, pour se « ré évaluer »
C’est très vrai. Ne pas avoir peur d’évoluer, apprendre perpétuellement. Je trouve que c’est une vraie preuve d’intelligence et la meilleure façon d’être en accord avec soi même.
Si on m’avait dit il y a dix ans que j’aurais trois enfants, changé de métier et des poules à la maison … j’avoue, j’aurais ri … 😉
moi aussi j’aurais rigolé de moi même
Mon souci a moi c’est que je n’arrive pas encore a sortir de ces cases justement 😉
Peut être qu’elles sont justes pour toi et que tu y trouves ton compte. Après il y a des période où on s’y réfugie avec plaisir et d’autres où on se sent pousser des ailes et on a envie d’aller explorer celles d’à côté
Qu’est ce que tu en penses?
Très jolie et très juste réflexion sur ce qui nous caractérise! Je crois qu’avec ces cases on essaye aussi de stabiliser ce qu’on sait au fond être volatil, en insistant sur ces traits de caractères qui sont plus ancrés en nous et donc plus saisissables, plus visibles. Mais comme tu le dis très bien, ils ne sont pas figés, et parfois on les entretient par confort, pour nous et pour les autres. Que ce soit nous mêmes ou les autres on a ce besoin profond de se définir!
mais oui je crois que c’est utile de pouvoir se définir à soi et autres, c’est structurant
C’est une réflexion particulièrement intéressante, je n’avais jamais vu les choses de cette façon. En effet, il y a des étiquettes que l’on aime, car on apprécie ce qu’elles présentent de nous, d’autres qui nous bloquent mais tout peu changer car tout est en mouvement… Merci de m’avoir offert un nouvel angle de réflexion !
ben avec plaisir 😉
mais oui ! C’est bien dit ! Cela fait réfléchir. Surtout peu après 40 ans 🙂
😉
Merci pour ce très beau post et aussi pour celui sur instagram sur les bisounours en vacances. Je culpabilisais presque 😉.
Très chouette article ! Ca me parle. Je n’aime pas mettre les gens dans des cases , donc j’essaye d’éviter avec mes enfants… Mais effectivement, difficile de ne pas les définir, (de les comparer aussi !) Alors j’aime beaucoup ta métaphore des petits murets « enjambables » 🙂 Je prends plaisir à lire ton blog, j’adore ta simplicité, ta positivité et ta bienveillance 🙂
Très intéressante réflexion.
Il y a peu je m’interrogeais avec une amie de mon âge – la quarantaine – vu qu’on passe du temps dans nos jardins : est-ce qu’on aime jardiner quand on vieillit ? Est-ce un gène qui s’active passé 40 ans ?
Mais en fait en poussant la réflexion, je me suis rendu compte que c’est juste mon niveau de vie qui m’a permis il y a 5 ans d’acheter une maison avec un terrain pour jardiner.
Mais en réfléchissant encore je me suis dit que si j’avais eu envie de jardiner plus tôt j’aurai pu louer une parcelle… bref… veiller, changer, évoluer… qui détermine quoi ???? La vie quoi !!!
Coucou,
Ta réflexion sur les « cases » me fait pensé au poscat que j’écoute en ce moment, je veux pas faire de pub, mais écouter ses podcast c’est gratuit et vraiment enrichissant, c’est Clotilde « oui change ma vie ».
Je te conseil vraiment si tu ne connais pas.
Ces derniers temps je réfléchis beaucoup à cette notion d’étiquette moi aussi! Je me rends compte que celles qui sont collées sur mon front depuis petite commencent à m’agacer sérieusement, et, même si elles représentent des qualités plutôt valorisantes (par exemple sage, raisonnable, généreuse, serviable…), elles m’ont plus souvent empêchée de m’épanouir qu’autre chose. Peut-être parce qu’elles sont très tournées vers les autres et pas tellement vers mon propre intérêt.
Comme toi j’ai des difficultés à ne pas qualifier mes filles de ce même genre d’étiquettes. Pour relativiser, j’essaie de rajouter un paramètre temporel pour leur permettre de s’échapper de l’étiquette quand bon leur semble.
Exemples : Tu as l’air sensible en ce moment… Je te trouve drôle aujourd’hui! Tu es très sociable depuis cet été…
J’ai l’impression que ça risque moins de les enfermer… Mais ça, elles me le diront à l’âge adulte! 😉
Merci pour tes pistes de réflexion, c’est toujours un plaisir de te lire!