Je suis cette maman

Sur Internet on lit tout un tas de choses sur l’éducation, c’est surement passionnant, mais je vais vous avouer quelque chose, moi ça ne me passionne pas… Je vais même vous dire quelque chose d’inavouable, je n’ai jamais lu un manuel d’éducation, ni enceinte, ni depuis.

Je lis souvent entre vos lignes que vous imaginez douce, ou patiente, alors il faut bien que je révèle la vérité, car je ne voudrais pas entretenir un mensonge. Je suis cette drôle de maman qui ne s’intéresse pas aux différentes pédagogies. Bien sur, je vois passer des idées qui me paraissent formidables et j’en pioche certaines lorsque j’en ai envie. Mais je n’aime pas les méthodes qui ressemblent à des doctrines, je n’aime pas suivre des idées à la lettre, ça me fait flipper même.

Et puis de toute façon je trouve ça trop difficile de suivre des principes à lettres, ce n’est pas compatible avec mon tempérament indépendant et probablement un peu trop rebelle.

Je suis cette maman qui se revendique non professionnelle. J’admire justement les personnes qui le sont, les nounous, le personnel de crèche, moi même avant, puisque j’ai gardé une fratrie de 4 enfants pendant 3 ans.

Avec mes enfants je n’ai jamais été professionnelle et je n’ai jamais cherché à l’être. Cela ne signifie pas du tout que je prends leur éducation à la légère. Cela signifie juste que j’ai la conscience qu’avec eux, je ne peux être que dans l’affectif. Ils sont un bout de moi, ils sont des projections de mon passé et mon avenir, ils peuvent me blesser d’un regard et me faire fondre d’un sourire. Ce qui est important pour moi, c’est que devant je ne sois que moi, pas une étiquette, pas un métier, moi, avec tous mes défauts et mes quelques qualités. Car même si je ne suis pas parfaite j’ai la conviction que la seule chose dont ils besoin c’est d’avoir une maman authentique et sincère. Une maman qui pleure, qui crie, qui rigole, qui s’excuse, qui fait des erreurs et s’améliore.

Et puis surtout l’avantage de ma méthode à moi, c’est qu’elle est carrément pas culpabilisante. Même pas besoin d’être bienveillante ou créative tous les jours. Du coup c’est très confortable. Peut-être que c’est aussi un peu de la paresse, mais peut-être pas. Je ne critique absolument pas les parents qui se revendiquent bienveillants, non violents, Montessori, je les admire même. L’objectif de mon témoignage du jour est juste de donner à voir une autre vision de la parentalité que celles qui sont tendances en ce moment. Et de montrer qu’on a aussi le droit de s’affranchir de ce qu’on perçoit comme des diktats. Je conçois l’éducation que j’offre à mes enfants comme à bric à broc de différentes influences, de nos propres histoires, avec une bonne dose de bonne volonté et surtout beaucoup d’amour.

Concrètement qu’est ce que ça veut dire? Ça veut dire que je questionne mes méthodes et mes automatismes. Je me suis par exemple, au fil des enfants complètement affranchi de l’héritage des « mauvaises habitudes » « il faut les laisser pleurer » des générations précédentes. A l’inverse j’ai conservé quelques principes un peu vieux jeu, la politesse, le fait de tenir sa chambre rangée, de prendre soin de ses affaires et d’être serviable. J’applique beaucoup de méthodes ressemblantes à Montessori, bien avant d’en connaitre les préceptes, sur tout ce qui concerne l’autonomie des enfants, les laisser faire, laisser expérimenter et leur faire confiance. Je cherche à être bienveillante mais ne le suis pas toujours, je m’adresse souvent à eux par la forme négative, et souvent je m’excuse si j’ai pu être maladroite. Je ne bannis pas « le coin », je ne le conçois pas comme une violence éducative mais comme un temps et un espace de décompression. Cela m’évite de m’énerver, je l’envisage comme un temps de retour au calme. On leur explique les décisions que l’on prend et le pourquoi de la situation. On communique beaucoup et puis parfois on leur dit qu’on n’est pas d’humeur à discuter.

On essaye de les respecter comme nos égaux tout en préservant leur qualité d’enfant, leur innocence. Je vois le fait de poser des limites, comme des barrières autour d’un joli jardin où ils peuvent évoluer en toute sécurité. Je trouve ça également très important de protéger et développer leur côté sauvage, inventif, curieux. C’est essentiel pour moi qu’ils aient la possibilité de tomber, d’échouer et de ré-essayer, mais aussi d’expérimenter… d’ailleurs ça me rappelle cet article.

Est ce que ma méthode est meilleure que la votre? Absolument pas. Je déplore chez mes enfants, du manque de confiance, de l’hypersensibilité, de la peur. Il y a de nombreux matins où je les dépose à l’école énervée car j’ai du beaucoup trop répéter, il y a des moments où je les sens loin de moi et où j’en souffre. Comme toutes les mamans je pense que j’aurais pu faire mieux, alors j’essaye de le faire à l’avenir. Je demande rarement des conseils, et n’ouvre pas de livres car je cherche les solutions en nous, j’ai toujours cette impression que la clef est là, il suffit de la chercher entre eux et nous.

Voilà je suis cette maman encore débutante, mais profondément confiante en eux et en notre relation. Je ne suis pas parfaite, pas si douce, pas tellement patiente, souvent trop exigeante. Je suis cette maman qui a énormément besoin de calme, de temps et de solitude et je leur demande de comprendre cela. Je n’ai pas l’impression d’être dans un rapport à sens unique mais plutôt une coopération où s’instaure le respect.

Et vous alors, vous êtes comment?

24 réflexions au sujet de « Je suis cette maman »

  1. Je partage entièrement ta manière de voir les choses ; on avance main dans la main, en tâtonnant, et en s’adaptant aux besoins, contraintes, désirs des autres. On fait comme on peut, jour après jours, et c’est très bien comme ça. Parce que franchement, le modèle de la mère parfaite est quand même un peu écrasant !

    J’essaie aussi de leur apprendre à tout remettre en question, faire un pas de côté, cultiver leur grain de folie et s’affranchir des règles de temps en temps. Parce qu’après tout, la vie est dans le mouvement !

  2. C’est très fort comme texte et c’est important qu’il existe pour qu’on se rende compte que c’est une des possibilités !! Moi je suis dans l’inverse, je lis énormément de livres et d’articles … ensuite il y a une phase où je parle « comme dans les livres », tentant d’appliquer à la lettre les conseils donnés, ca ne marche quasi jamais et ça énerve tout le monde, le papa inclus. Et puis ensuite, je m’approprie ce que j’ai retenu et ça devient un des outils possible dans les bagages … en fait j’ai toujours eu besoin de conseils, par exemple avant mon premier enfant j’ai envoyé des mails en demandant des conseils sur le matériel à avoir à plusieurs amies maman, et j’ai fait un joyeux best of de leurs réponses etc, parce que pour moi on peut gagner du temps si on n’essaie pas de réinventer l’eau chaude chacun dans son coin ! C’est l’idée que les autres peuvent avoir de bonnes idées et partager des outils, on ne peut pas tout trouver de nous-même surtout quand il y a un « gros » souci à gérer … Mais c’est clair qu’il faut s’affranchir de l’image parfaite de la mère bienveillante et toujours souriante, la bienveillance commence envers soi-même donc savoir accepter ses erreurs, ses errements et ses dérapages et recommencer autrement si possible la prochaine fois … merci beaucoup pour ton texte dans tous les cas !!

  3. Merci pour ce bel article, je crois que je suis pareil … J’ai bien essayé quelques lectures, mais … ça m’ennuie ! Je préfère faire avec mon intuition, et je crois que ça le fait 😉 !
    Je suis entièrement d’accord avec ce que tu dis à la fin : la relation parents/enfants pour moi c’est un échange. Je n’ai pas l’impression de devoir tout apporter à ma fille, être toujours de bonne humeur, et ne pas montrer ses failles. L’autre jour j’étais épuisée par ma journée de boulot et allongée dans le canapé, ma fille s’approche en parlant fort, et en essayant de me grimper dessus, je lui dit : « excuse moi, mais là j’ai besoin d’être tranquille au calme, je ne peux pas m’occuper de toi ». Mon mari m’a dit « euh quand même t’exagère ». Du coup ça m’a questionnée, et je lui ai répondu que non je ne crois pas que j’exagère. Je préfère dire sincèrement que là je ne peux pas, plutôt que me forcer et lui faire croire que je suis toujours dispo ! Et surtout comme toi, j’ai sacrément besoin d’espace, de solitude, pour vivre ensemble, il faut s’expliquer les choses !
    Bref, tout ça c’est plus une question de vivre ensemble et de faire attention les uns aux autres que de lectures de bouquins non ?

  4. Des très jolis mots ! Qui tombent à pic après un midi difficile qui suit 15 jours de vacances avec eux… On les aime, mais que c’est dur parfois ! Je pense être le même genre de maman que toi, de toute façon, quand on cherche « des trucs », on n’arrive pas à les tenir plus d’une semaine alors… Au feeling, en banissant la violence physique et en expliquant au maximum…
    😊

  5. Un très bel article qui résume parfaitement la façon dont je vois l’éducation, telle que je l’applique également de mon côté! Je crois sincèrement qu’on ne peut pas réduire à l’éducation à des principes théoriques – tout aussi à la mode qu’ils soient, ils ne peuvent pas convenir à tout le monde, et il n’y a pas de modèle unique. À chacun de créer son propre melting-pot, issu de sa propre expérience, de son environnement, de ses valeurs, de son caractère et de celui de ses enfants, de son état de fatigue… on est d’ailleurs pas toujours le même parent au fil du temps, on évolue, on apprend nous aussi.
    C’est un message qu’il me tient très à cœur de diffuser via mon blog, pour déculpabiliser tous ces parents qui veulent tant être parfaits… c’est pas un idéal impossible à atteindre est bien trop oppressant pour tout le monde!

    1. c’est ça, l’éducation ce n’est pas que la théorie, c’est surtout soi-même, son conjoint et ses enfants, avec autant de talents et de solutions

  6. Pour ma part j’ ai lu beaucoup et j’ ai appris des choses, j’ ai essayé de mettre en pratique ce qui me parlait le plus, ça n’ a pas toujours fonctionné mais ce n’ est pas grave. Mon meilleur ami finalement c’ est le temps. Avec les temps nous trouvons NOS règles pour bien vivre ensemble. Et surtout avec le temps je déculpabilise ! Je cris, je m’ énerve, je pleurs … Mais tant pis …les enfants me voient entière. Eux non plus ne sont pas tt le temps sages finalement. Chez nous les journées sont presque parfaites quand : on a le temps ( ca change tt quand on a pas a se dépêcher) et quand nous sommes tous les 2 sur la même longueur d’ onde avec mon mari.
    Merci pour ce bel article en tt cas. Bonne journée.

    1. Et puis je n’ai pas envie de leur demander d’être parfaits eux non plus… on peut apprendre à s’affranchir de cette injonction

  7. Merci infiniment pour cet article ! Je revendique le fait de ne pas être « bienveillante » tout le temps, d’avoir le droit de rentrer d’une salle journée et d’avoir trop peu de patience. Je dis quand j’en ai marre, je m’excuse le lendemain en jouant plus, mieux ! Ne pas rentrer dans une case c’est difficile… alors on picore à droite à gauche des idées et parfois, on paraît exigeante aux yeux des autres. Tant pis, on s’aime

  8. C’est très bien dit, bravo.
    Honnêtement je me retrouve entièrement là dedans entant que maman. Et je suis sûre que comme toi, les gens à l exterieur me trouve si douce et patiente. Et moi qui bosse avec les enfants aussi, ils doivent se dire que je fais aussi bien ou mieux avec les miens.
    Mais comme toi j’ai du coup dans mon chez moi, besoin de calme, temps, solitude…
    Je ne me force à rien, je fais quand j’en ai vraiment le temps et l’envie.
    D ailleurs avant d avoir des enfants je m’ étais dis je ferai si, je ferai ça… et puis je me rend compte que la base c’est déjà de se remplir soi-même de bien-être pour réussir à en donner. Avec ses enfants, impossible de faire semblant.
    Enfin bref, j’aurai pas dis mieux!
    Par contre je n arrive pas encore à ne pas en culpabiliser.

    Bises

    1. « La base c’est déjà de se remplir soi-même de bien-être pour réussir à en donner »… c’est phrase est tellement parfaite!

  9. J’aime beaucoup ta sincérité
    En ce moment je sens un si grand malaise vis à vis de certains compte Instagram. J’en déplore ceux avec une « carte d’identité » qui ressemble à une check list de la « mère idéale », celle qui peut faire culpabiliser les autres mères.
    Des comptes comme le tien, sont authentiques et ne prônent pas UN style de vie, ou plutôt LE style de vie à adopter absolument. Il est inspirant sans être jugeant.
    Je te comprend en matière d’éducation, mon fils m’a bien fait comprendre il y a quelques années que je suis sa mère et pas sa psychomotricienne. Lol Alors je prend du recul et essaye de l’accompagner autrement, comme une maman.

  10. Je suis complètement d’accord !
    Il n’y a pas un seul manuel qui s’adapte à la vie d’une famille.
    Moi je suis de celles qui piochent à droite et à gauche. Pourtant j’ai une formation de pédagogie, mais dans mon métier je n’applique pas comme un robot ce que j’ai appris ou lu. Je m’adapte en fonction des gens, de leurs envies, de leur volonté aussi. Tout ça se construit ensemble et pas d’après un manuel.
    Après oui je pioche donc les idées. J’ai la tête remplie d’astuces que j’ai trouvées à droite et à gauche, et c’est ensuite selon la situation que je m’adapte dans mon métier (je suis médiatrice culturelle, mon boulot c’est de créer des activités pour les enfants).
    Et du coup je vois bien que dans une famille c’est pareil. La pédagogie, l’éducation tout ça c’est multiple et changeant, ça évolue. Et surtout ça vient de nous, c’est complètement subjectif, même pour ceux qui appliquent un manuel.
    Merci de ne pas être de ces blogs qui prônent une seule pédagogie. Cela fait vraiment plaisir =)

  11. C’est vrai qu’il y a une pression sociale à etre un « bon parent », à vouloir appliquer telle ou telle methode. Tu nous décris bien qu’on est pas obligé mais qu’on peut suivre son instinct! On grandit avec son enfant, on se fait pleins d’expériences au fil du temps. Arrêtons de culpabiliser pour rien.
    J’adore cet article, vraiment. Juste: Merci pour ta sincérité!

  12. Très bel article dans lequel je me retrouve. Nos enfants, on les aime, avec leurs qualités et leurs défauts, ils ne sont pas parfaits, et nous non plus. On fait au mieux, on essaye, on tâtonne, on se trompe et parfois on trouve la clé pour résoudre telle ou telle situation. Et ce que je trouve bien à ne pas essayer d’être la « mère parfaite » et à le reconnaitre, c’est que nos enfants nous voient ne pas réussir à tous les coups, et je suis sûre que ça leur enlève un poids à eux aussi. Si maman a le droit de se tromper, nous aussi…

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