Mona et Mémé

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Mona et sa Mémé se sont certainement croisées quelque part, enfin c’est ce que je pense moi, quelque part, juste là entre la vie et la mort. Elles se sont loupées, ou relayées. J’étais enceinte de 6 mois lorsque je faisais ces allers retours tous les jours à l’hopital, en plus du travail et de Roméo, oubliant ma fatigue et ma grossesse. J’étais enceinte de 6 mois et demi quand elle est partie, après de longues journées à se battre en vain. Elle a défié les prognostics de la medecine, ils nous ont dit que c’est ce qu’on font les personnes qui attendent quelqu’un. Celle qu’elle attendait, moi j’en suis certaine c’était Mona, mais mamie tu as bien fait de partir avant, tu n’aurais pas pu tenir encore 2 mois et demi.

J’avais un ventre bien rebondi dans un petite robe grise toute simple quand j’ai pris la parole devant une église bien remplie. Je parlais de la mort, une main sur la vie. Beaucoup ont pensé que ça m’aiderait de porter la vie, en réalité je ne crois pas que ça nous a aidé Mona et moi.

Après ça, Mona elle s’est fait discrète et moi pour tout vous dire je l’ai un peu oubliée. Elle bougeait peu et ne me dérangait jamais, elle nous a laissé tranquille ma peine et moi. Je me suis demandé comment elle allait arriver dans ce monde, imbibé de toute cette tristesse. Et puis elle a debarqué pleine de vie, pleine d’espoir et d’avenir. C’est elle qui a ramené le sourire et la joie,  Mona c’est la vie.

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Elle porte Louise en second prénom, comme sa Mémé. Ce n’était pas prévu, on l’a décidé en allant à la maternité, je pensais que ce serait la seule chose qu’elle porterait de cette arrière grand mère. En réalité Mona est gauchère, comme sa Mémé, c’est pas grand chose mais pour moi ça veut dire beaucoup. Je me plait à penser que quand elle se sont croisées, elle a du lui donner cette petite particularité, juste pour deux ans après, je retrouve un bout d’elle.

C’est vrai qu’aujourd’hui encore quand je repense à cette grossesse, j’ai un petit goût amer, un goût d’inachevé, car je n’ai pas su, ou pas pu profiter de Mona comme j’aurais du, et d’ailleurs je m’en suis beaucoup voulu. C’est triste mais quand je regarde son sourire et notre relation aujourd’hui, je ne peux rien regretter. Mona m’a reconcilliée avec la vie, elle m’a permis de me pardonner de l’avoir mise de côté, elle m’a appris à savourer la vie seconde après seconde, sans en laisser une miette. Parfois, je vois bien que je suis plus coulante avec elle que je peux l’être avec Roméo, je souris plus facilement de ses bêtises, c’est pas juste c’est vrai, mais pas plus juste que d’avoir eu une maman indisponible à un moment. Notre relation elle est comme ça, elle est fantastique tant elle est unique, je l’ai fait naître, elle m’a fait renaître et je ne peux rien lui en vouloir. C’est ma Mona, ma magicienne du bonheur, et je mesure notre chance de l’avoir à nos côtés.

57 réflexions au sujet de « Mona et Mémé »

  1. Il est beau Cet Article… Et il est tellement vrai.
    Je vois aussi les choses comme ça. Mona nous a sauvé de notre peine.
    Elle a su remettre du Bonheur dans nos Vies.
    Tu as une petite fille qui met de la Joie dans les coeurs de Tous et ça c’est Magique.
    Je l’aime ma Mona.
    Et c’est dommage qu’elles n’aient pas eu la chance de vivre un petit bout de chemin ensemble elle et sa Mémé… Elle se serait tellement aimé!

  2. C’est un très beau billet qui résonne fort en moi.
    Pour d’autres raisons, je n’ai pas pu profiter comme je le voulais de la grossesse de mon Roméo, j’étais également très triste et malheureuse et cette grossesse,pourtant tellement désirée, a été relayée en second plan.
    Comme toi aujourd’hui j’ai un gros pincement au cœur quand j’y repense, mais c’est ainsi.
    Et moi aussi je laisse beaucoup plus passer de choses à mon ptit gars qu’à sa grande soeur. Mais tu as raison maintenant je vois plus clair, c’est sans doute pour les mêmes raisons: j’ai la chance moi aussi d’avoir mon magicien du bonheur!
    merci tout plein pour tes mots.

  3. Ah bravo, je pleure maintenant … Je te comprends tellement !
    Quand j’ai eu Louis (mon grand) c’est une des première chose à laquelle j’ai pensé « Mamie et Nanou (la dame qui m’a gardé quand j’étais petite) l’ont vu » … Et puis j’ai été heureuse qu’elles soient aussi là pour Valentin et j’aimerais qu’elles soient encore là si il y a un suivant …
    Leur annoncer mes grossesses à elles est encore plus important pour moi que l’annoncer à mes parents. Je ressens un lien très fort qui représente une vraie part de mon enfance.

    1. Je te comprends tellement! Ma grand mère allait tellement mieux quand je lui ai annoncée et elle était tellement heureuse… si seulement j’avais su… en même temps ça n’aurait rien changé.
      (désolée si je t’ai fait pleurer)

  4. Quel bel hommage.. et à ta Mémé.. et à ta jolie et touchante Mona.. les larmes me sont venues .. pas de tristesse.. mais de l’amour dans tes mmots.

  5. Tu sais que je j’ai connu un deuil au tout début de ma grossesse aussi et que tes paroles font complètement écho en moi… C’est très déstabilisant de vivre un deuil et une grossesse en même temps et tant qu’on ne l’a pas vécu, on ne peut pas comprendre. On est comme coupée en 2, une partie de nous a envie d’être heureuse, l’autre est au fond du trou et au milieu, la culpabilité parce qu’on a peur que bébé ressente notre tristesse… Mais le fait d’être enceinte m’a vraiment forcée à ne pas tomber dans la déprime. Pour moi aussi, Marlène, c’est la vie. C’est la vie qui reprend le dessus sur la mort. D’ailleurs, c’est marrant, comme Mona, elle adore nous faire rire. Tu te rappelles, Emma l’appelait même Monette. Je t’embrasse, je sais à quel point tout cela est difficile et c’est pour ça que je t’ai parlé du film hier.

    1. Oui c’est vrai que Marlène ressemble un peu à Mona… est ce que c’est lié? peut être bien! C’est tellement contradictoire, être triste et heureuse, s’empecher d’être l’un puis l’autre. Pourtant dans les deux cas il s’agit de la vie, le commencement et la fin.. Depuis je m’emploie très fort à la savourer… la vie.
      Et je t’embrasse très fort, je t’adore

  6. moi aussi j’ai des larmes plein les yeux, comme elle a de la chance ta petite Mona, et ta Mémé a du être aimée si magnifiquement..j’ai perdu ma tante adorée enceinte de deux mois de ma seconde fille, et ce billet a réveillé beaucoup de tristesse..

  7. Un billet qui fait également beaucoup écho à ce que j’ai vécu. Mon papi qui part le 02 mai et Héloïse qui arrive pile 2 mois après. Il s’est beaucoup excusé auprès de ma maman de ne pas réussir à tenir. Il aurait tant aimé rencontrer ce bébé… Personnellement, j’ai réussi à apaiser cette tristesse très rapidement, en me disant que cette dernière était mienne, et non pas celle de mon bébé. Mais c’est certain que cette naissance a fait beaucoup de bien à tout le monde : à ma maman, ma grand-mère, et même à mes tantes et cousins/cousines avec lesquels je ne suis pas forcément super proche.

  8. Je te le lis tout le temps, je ne commente jamais mais là j’ai les larmes aux yeux…tes mots sont si beaux.
    Pour ma 2ème grossesse ma mémé a fait un AVC une semaine après que je lui ai annoncé que j’étais enceinte; depuis elle a retrouvé un peu ses esprits mais n’a pas intégré ma puce (qui porte Louise en deuxième prénom Louise en hommage à son arrière grand mère paternelle)

  9. Quel beau message d’amour à ta petite puce. Je ressens la même chose pour ma minette parce que j’ai failli la perdre. Prenons soins de nous et de ceux qu’on aime. Belle journée 😘😘😚😚

  10. Très bel article,
    je pense aussi que lorsqu’une personne nous quitte une autre rentre dans nos vie.
    Mon papy est décédé le soir où j’ai embrassé mon amoureux pour la première fois… Souvent je regrette qu’ils ne se soient jamais rencontrés… Mais je suis heureuse de la famille que nous avons fondée ensemble depuis.

  11. Oh Deb, lire ces mots qui te viennent du plus profond de ton cœur, j’en ai la gorge serrée et les yeux brouillés. Je me souviens de cette période si difficile pour vous et de cette main sur ton ventre à l’église. Mona est un vrai rayon de soleil et une petite fille qui croque réellement la vie à pleine dent, et je crois que ce n’est pas par hasard. >3

  12. De si jolis mots comme tu sais si bien les trouver…
    Ca me fait réaliser que je ne profite certainement pas à leur juste valeur de mes deux grands mères encore présentes…

  13. Je comprend bien ce que tu as vécu … J’ai perdu ma mère à cette même période de ma première grossesse. Aujourd’hui encore, il m’est difficile d’en parler. Mais mon fils est la joie de vivre incarnée… Il a été ma bouée à cette période de ma vie; et je suis sûre que Maman veille sur lui de la où elle est…peut être qu’un jour je réussirai à écrire là-dessus, ne serait-ce que pour mes enfants ; qu’ils aient quelque chose de leur Mamaie qu’ils n’auront pas connu. Merci en tout cas pour cet article qui m’encourage dans ce sens 🙂

  14. Ton article est vraiment magnifique, il m’a mis les larmes aux yeux. Ne sois pas si dure avec toi-même, même si je comprends tes regrets. Ce qui compte, c’est ce lien qui vous unit Mona et toi aujourd’hui !

  15. Tellement émouvant et si bien écrit… J’ai versé une larme. En pensant à mes grand-pères et en pensant à ma grossesse. J’étais enceinte de 6 mois quand j’ai perdu mes 2 grand-pères, l’un après l’autre, brutalement, à 15 jours d’intervalle . J’ai eu beaucoup de peine. J’ai emprunté une voie différente. Par la force des choses, sans que cela ne soit choisi ni réfléchi. La grossesse étant compliquée (alitée à la maison), je n’ai pas pu accompagner mes grand-pères, Je n’ai pas pu assister aux obsèques. J’ai mis tout ça « de côté » dans ma tête, et je me suis efforcée de ne penser qu’à ma grossesse, à ma fille qui allait naître. Ne plus penser qu’à la vie pour ne pas m’effondrer. Tenir le coup pour ma fille, pour nous deux. Je savais qu’un jour il faudrait revenir sur tout ça, « faire le deuil » comme on dit. Cela s’est fait plusieurs années après sa naissance, je pense que ce ne sera jamais vraiment fait. Persiste la culpabilité de ne pas avoir été là pour leur dire au revoir, Le sentiment d’avoir raté quelque chose qui ne sera jamais rattrapé. J’aime bien cette idée qu’ils se sont « croisés quelque part ». Ma fille ressemble beaucoup à l’un des ses arrières grand-pères. Au croisement il a dû lui expliquer 2-3 trucs pour parfaire ce fichu caractère têtu, obstiné, et si curieux 😉

    1. et bien toi aussi tu m’as fait pleurer… Moi j’ai surtout culpabiliser par rapport à Mona car j’ai été une maman absente ou au moins pas suffisemment présante un certain temps.

  16. Tellement touchant…j’en pleure!!!

    ça fait écho à mon histoire aussi: mon attachement immense à ma mamie, ma fille qui s’appelle Louise, celle que je n’ai pas su aimer autant que son frère dès la première seconde et qui pourtant ne marque aucun signe de rancune, mon soleil!

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